Nouvelles restrictions à venir
Cet atout précieux de la Chine pourrait faire plier Trump

La Chine renforce son contrôle sur les terres rares, minerais stratégiques essentiels à l'économie moderne et à la défense. Pékin annonce de nouvelles restrictions sur l'exportation des technologies d'extraction, accentuant les tensions commerciales avec les Etats-Unis.
Publié: 07:07 heures
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La Chine dispose d'une carte maîtresse dans ses négociations avec Trump: son contrôle des gisements de terres rares
Photo: KEYSTONE
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AFP Agence France-Presse

La Chine dispose d'une carte maîtresse dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis: son contrôle de l'essentiel des gisements de terres rares, minerais stratégiques indispensables à l'économie moderne et à la défense.

Pékin a annoncé jeudi de nouveaux contrôles sur l'exportation des technologies utilisées dans l'extraction et le traitement de ces matériaux. L'AFP fait le point sur le dossier.

Qu'est-ce que les terres rares?

Dysprosium, néodyme et cérium... les terres rares sont un groupe de 17 métaux lourds en réalité abondants dans la croûte terrestre. Ses réserves mondiales s'élèveraient à 110 millions de tonnes, dont 44 millions en Chine, selon une étude du Service géologique des Etats-Unis.

Mais leur extraction génère une pollution toxique qui rend de nombreux pays réticents à assumer son exploitation. L'Etat-parti chinois a investi massivement dans ce secteur, aidée par une réglementation environnementale plus souple que dans d'autres pays.

La Chine a aussi déposé un grand nombre de brevets sur le processus de production, confortant leur domination. 92% de la production mondiale est aujourd'hui raffinée en Chine, selon l'Agence internationale de l'énergie. «Le Moyen-Orient a du pétrole. La Chine a des terres rares», avait déclaré en 1992 Deng Xiaoping, alors dirigeant chinois.

Une importance stratégique

Les terres rares sont utilisées dans un grand nombre d'appareils du quotidien et de haute technologie, des ampoules aux missiles guidés. Chacune possède des propriétés uniques et sont difficilement remplaçables.

Le néodyme est par exemple utilisé pour fabriquer des aimants permanents ultra-puissants présents dans les moteurs des missiles guidés, assurant leur précision et leur efficacité.

L'avion F-35 du constructeur américain Lockheed Martin nécessite plus de 400 kg de terres rares, selon une récente analyse du groupe de réflexion américain Center for Strategic and International Studies (CSIS).

Des négociations

Les exportations chinoises de terres rares ont ralenti depuis début avril, lorsque Pékin a commencé à imposer aux producteurs nationaux l'obtention d'un permis pour pouvoir exporter sept types de terres rares. La décision a été largement perçue comme une mesure de rétorsion aux droits de douane imposés sur les biens chinois par Washington.

Garantir l'accès à ces matérieux stratégiques est depuis devenu la priorité des responsables américains lors des pourparlers avec leurs homologues chinois. Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, s'était dit en juin convaincu que les inquiétudes sur l'accès aux terres rares seraient «résolues».

Une position de force

Malgré ces promesses, les terres rares restent un point de friction majeur entre les deux puissances, Washington accusant Pékin de ralentir délibérément l'approbation des licences d'exportation.

Les nouvelles mesures annoncées jeudi par Pékin imposent des autorisations pour exporter des technologies liées à leur extraction et limitent encore davantage l'exportation de terres rares chinoises par des entités étrangères, dont les aimants à base de néodyme.

«Certaines organisations et individus étrangers ont transféré ou fourni des articles contrôlés de terres rares d'origine chinoise (...) pour une utilisation directe ou indirecte dans des domaines sensibles tels que le militaire», a justifié un porte-parole du ministère chinois du Commerce.

Une dépendance

Ce n'est pas la première fois que Pékin utilise cette carte. Pékin avait brièvement suspendu ses livraisons vers le Japon après des tensions dans des eaux disputées. Tokyo s'est depuis efforcé de diversifier ses sources, en signant par exemple des accords avec le groupe australien Lynas pour une production en Malaisie et en développant ses capacités de recyclage.

Mais certains experts jugent que Tokyo n'a réalisé que des progrès marginaux, soulignant la difficulté de réduire réellement la dépendance à la Chine. Le ministère américain de la Défense ambitionne lui de développer des chaînes d'approvisionnement nationales afin de garantir d'ici 2027 un accès sécurisé aux terres rares nécessaires pour certains armements.

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