Détails annoncés lundi
Comment la Suisse va profiter du deal entre Trump et la Chine

C'est donc fait. Du moins selon l'administration Trump. Après un week-end de négociations à Genève, la Chine et les Etats-Unis seraient parvenus à un accord. Et Trump dit «Merci la Suisse!»
Publié: 12.05.2025 à 06:16 heures
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Dernière mise à jour: 12.05.2025 à 07:14 heures
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Le Secrétaire américain au Trésor Scott Bessent a remercié la Suisse dès la fin des négociations avec la Chine.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Ils ont donc conclu ce fameux «deal». Ou ils s’en rapprochent à grands pas. C’est en tout cas ce qu’a annoncé dimanche soir à Genève, après huit heures de négociations, le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent. «Je suis heureux d’annoncer que nous avons réalisé des progrès substantiels entre les Etats-Unis et la Chine dans le cadre de très importantes négociations commerciales. Nous donnerons des détails lundi, mais je peux vous dire que les discussions ont été productives.»

Attention, donc, aux annonces de ce début de semaine car elles pourraient marquer un tournant dans les relations très houleuses entre Washington et Pékin, après des semaines d’escalade et de surenchère depuis les annonces des tarifs douaniers de Donald Trump le 2 avril.

Un accord ou pas?

«L’accord apparent a été conclu plus tôt que la plupart des observateurs ne l’avaient prévu, après que les droits de douane de 145% imposés par Trump sur les importations chinoises ont pratiquement interrompu des échanges commerciaux annuels de 600 milliards de dollars entre les deux plus grandes économies du monde», jugeait dimanche soir le quotidien financier «Wall Street Journal».

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Que contient cet accord potentiel? Difficile à deviner à ce stade, à une information importante près: la Maison Blanche s’est empressée de communiquer. Un communiqué est tombé aussitôt après la fin des échanges entre les négociateurs américains emmenés par Scott Bessent et le représentant au commerce Jamieson Greer d’une part, et leurs homologues chinois dirigés par le vice-Premier ministre He Lifeng.

Après Xi Jinping à Moscou

«Les Etats-Unis annoncent un accord commercial avec la Chine à Genève», pouvait-on lire. Preuve que le contenu des discussions a été substantiel, à quelques jours de la visite de Donald Trump en Arabie saoudite qui débutera le 13 mai. Et au lendemain de la visite de trois jours du Président Xi Jinping à Moscou, du 7 au 10 mai.

Le point le plus saillant est en tout cas la salve de compliments adressés à la Suisse, qui avait mis à disposition des deux délégations la résidence de l’Ambassadeur suisse auprès des Nations unies à Genève. «Tout d’abord, je tiens à remercier notre hôte suisse», a d’emblée affirmé Scott Bessent. «Le gouvernement suisse a eu la gentillesse de nous fournir ce lieu merveilleux, et je pense que cela a contribué à une grande partie de la productivité que nous avons constatée.» Des compliments repris dans le communiqué de la présidence.

La Suisse bien placée

La mieux placée pour profiter de cette accalmie commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, voire d’un accord complet entre les deux premières puissances mondiales, est Karin Keller-Sutter. L’actuelle présidente de la Confédération a reçu parallèlement les deux délégations chinoises et américaines. Elle entretient désormais de bonnes relations, directes et personnelles, avec son homologue, le secrétaire au Trésor Scott Bessent, qu’elle avait rencontré à Washington le 25 avril, en compagnie de Guy Parmelin. L’augmentation des tarifs douaniers de 31% sur les produits helvétiques importés aux Etats-Unis, annoncée par Donald Trump le 2 avril, pourrait donc ne pas faire long feu.

«Dans le monde de Trump, tout se paie. Remercier la Suisse ainsi, c’est ouvrir la porte à des remerciements américains sonnants et trébuchants», juge un diplomate européen basé à Washington. La séquence est aussi favorable pour la Confédération, après l’annonce le 8 mai d’un accord commercial entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni, qui permet à Londres d’éviter une surenchère douanière américaine, notamment sur les voitures, en contrepartie d’une ouverture plus large aux produits agricoles «Made in USA».

Un deal prochain avec Berne?

«Je ne serai pas surpris que Trump mette en scène un deal prochain avec la Suisse, poursuit notre interlocuteur. Ce sera une carte de plus vis-à-vis de la Commission européenne.»

Les dirigeants européens sont jusque-là restés unis face à la guerre commerciale déclenchée par les Etats-Unis. Le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz a prévenu, dès son élection, qu’il n’y aura «pas d’accords parallèles tant qu’une proposition concrète ne sera pas sur la table entre Washington et Bruxelles», en charge de négocier pour les 27 pays membres.

Riposte européenne

L’UE a en outre déjà prévenu qu’elle prévoit de riposter par des contre-tarifs si aucun compromis ne peut être trouvé. Ce qu’avait fait la Chine, jusqu’à la décision de Trump de baisser ses exigences à 80% d’augmentation des tarifs (contre 145%) et au début des négociations à Genève.

L’autre axe de riposte de l’Union européenne concerne la Suisse par ricochet puisqu’il concerne Genève, où se trouve l’Organisation mondiale du commerce. L’UE entend en effet activer la procédure de règlement des différends. «On réagit en fonction du contexte. Les mesures américaines sont illégales vis-à-vis de l’OMC, c’est pour ça qu’il faut une procédure», juge-t-on à Bruxelles.

Pas étonnant que vu ce durcissement européen, Trump cajole la Suisse voisine dont les investissements aux Etats-Unis atteignent 350 milliards de dollars (6ème place mondiale, avec environ 400'000 emplois) et pourrait augmenter de 200 milliards supplémentaires. De quoi contrebalancer l’excédent commercial helvétique de 40 milliards de francs par an…

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