Blick à Washington
Trump en mode pause? Son discours des 100 jours annonce l'inverse

Le président des Etats-Unis va-t-il devoir se calmer? Tous les opérateurs économiques pensent que oui, au vu du chaos commercial mondial. Donald Trump, lui, pense le contraire. Il vient de l'affirmer dans son discours des 100 jours dans le Michigan.
Publié: 30.04.2025 à 18:54 heures
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Dernière mise à jour: 30.04.2025 à 22:22 heures
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Donald Trump s'en est violemment pris aux migrants et à ses opposants dans son discours des 100 jours, dans le Michigan.
Photo: imago/UPI Photo
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Richard WerlyJournaliste Blick

C’est la phrase qui revient en boucle à Washington, pour qui interroge les habitants de la capitale fédérale sur les intentions de Donald Trump, après 100 jours de présidence pour le moins chaotique. «Il ne s’arrêtera pas. Ce n’est ni son style, ni son tempérament, si non intérêt» électoral estime, dans un éditorial publié ce mercredi 30 avril, le «Washington Post».


La preuve: son discours prononcé la veille au nord de Détroit, dans le Michigan, un Etat industriel remporté pourtant de justesse le 5 novembre 2024, avec 80'000 voix d’avance sur son adversaire démocrate Kamala Harris.

La fureur des MAGA

«Vous n'avez encore rien vu !» s'est exclamé Donald Trump devant environ 3000 partisans «MAGA» (Make America Great Again) chauffés à blanc pour bien montrer aux médias américains que la popularité du locataire de la Maison Blanche est intacte, malgré des sondages inquiétants.

«Rien de neuf, sinon l’attaque. Il a célébré sa répression à la frontière et s’est vanté des représailles qu’il a exercées contre ses ennemis présumés et de l’incapacité de ses adversaires à contrecarrer son programme» juge l’envoyé spécial du «New York Times» Luke Broadwater. Une stratégie que Donald Trump a fait sienne tout au long de sa carrière, dans l’immobilier comme en politique, fidèle aux conseils de son mentor et avocat Roy Cohn (décédé en 1986): foncer, attaquer, démolir. Et ne jamais reculer…

Tant pis pour Wall Street?

Une boussole est pourtant déréglée: celle de l’économie et de Wall Street, la bourse de New York. Au point que le «Wall Street Journal», le quotidien financier, propriété du magnat réactionnaire Rupert Murdoch (également propriétaire de la chaîne Fox News), a tiré ces jours-ci le signal d’alarme d’une façon stupéfiante: en priant l’hyper capitaliste Donald Trump de suivre le chemin ..... du socialiste français François Mitterrand, deux ans après son arrivée à l'Elysée.

«Est-ce le moment Mitterrand de Trump? En 1983, le président français avait sauvé son gouvernement en renonçant au socialisme. C’est un précédent pour les tarifs douaniers» indique, dans un éditorial collectif, le journal que Trump lisait autrefois chaque jour, depuis ses bureaux de la Trump Tower.

Pas question de reculer

Sa réponse dans le Michigan? Non. Pas question de reculer. Les Etats-Unis, a-t-il répété, traversent une «période de transition» difficile qui permettra bel et bien «de faire baisser les prix et de rétablir la prospérité économique». Idem dans un entretien à la chaîne ABC News. «J’ai dit toutes ces choses pendant ma campagne», a-t-il déclaré dans l’interview diffusée pour le 100e jour de son second mandat.


«Mes électeurs ont signé pour cela. C’est ce sur quoi j’ai fait campagne. Tout va bien se passer. Cela n’aurait pas été le cas si je ne l’avais pas fait. J’avais le choix. Je pouvais laisser tomber, passer un moment agréable et facile, mais je pense qu’en fin de compte, il y aurait eu une implosion de l’économie du pays».

Une aubaine pour ses opposants?

Pour ses opposants, la détermination de Donald Trump peut apparaître comme une aubaine. Pas question en effet pour ce président de calmer le jeu sur les deux fronts qui lui valent le plus de blocages juridiques et politiques: celui des expulsions massives de migrants illégaux, et celui des atteintes à la séparation des pouvoirs, incarnées par le nombre des «Executive Orders» (décrets présidentiels) signés depuis son arrivée à la Maison Blanche. Trump a apposé 139 fois sa signature au bas de ces décrets souvent contestés, car ils enfreignent les prérogatives du Congrès (dont les deux chambres sont contrôlées par le parti Républicain) ou celles des Etats fédérés.


Pour le «New York Times», c’est tout le contraire d’une pause qui va se produire sans les semaines à venir. «Trump exagère l’ampleur de ses mesures de répression contre les migrants, affirmant à tort à un moment donné que seules trois personnes avaient échappé à ses agents frontaliers. Il continue de se présenter comme un homme d’action, soulignant le rythme rapide de ses décrets. Ce n’est pas du tout un discours inquiet», note son envoyé spécial dans le Michigan.

Mitterrand, l’exemple

De quoi alimenter les doutes du «Wall Street Journal», soudainement admiratif du réalisme passé du président Français qui, en 1981, effrayait Ronald Reagan avec l’entrée de quatre ministres communistes dans son gouvernement: «La question est de savoir si M. Trump intériorise ces leçons économiques et politiques ou s’il se contente de faire une pause pour mener sa guerre commerciale un jour de plus. A vrai dire, nous doutons que même M. Trump connaisse la réponse, étant donné qu’une grande partie de ses décisions sont prises au cas par cas», conclut avec inquiétude le quotidien des affaires.

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