Il y a ceux qui le considèrent déjà comme le grand perdant. Pour ces experts et commentateurs américains, Donald Trump est contraint de subir la loi militaire de Poutine en Ukraine, et la loi commerciale de Xi Jinping. Dont acte. Mais pour ses partisans, la réalité est à l’opposé. Trump est en train de renverser la table de la diplomatie mondiale. La preuve? Le président russe vient d’accepter d’ouvrir des négociations directes avec l’Ukraine à partir du 15 mai en Turquie.
La réalité est que sur tous les grands dossiers géopolitiques, de l’Ukraine à l’Iran en passant par le Moyen-Orient, Donald Trump est en effet à la manœuvre. Il sera d’ailleurs à partir du 13 mai en visite en Arabie saoudite, ce pays où il comptait initialement retrouver Vladimir Poutine. Parallèlement, le Secrétaire au trésor Scott Bessent est en Suisse pour entamer des négociations commerciales avec les Chinois. Alors, Trump gagnant ou Trump perdant? Voici 5 premières réponses.
Avec Poutine, une première brèche
Les dirigeants européens qui se sont rendus à Kiev le 10 mai, au lendemain de la grande parade militaire à Moscou pour commémorer les 80 ans de la victoire sur le nazisme, peuvent être satisfaits. Ils ont démontré leur unité. Et une première brèche vient peut-être de s’ouvrir avec l’accord donné par Vladimir Poutine à l’ouverture de négociations directes avec l’Ukraine à Istanbul. Quel rôle a joué Trump là-dedans? Disons qu’il a cassé la glace. On peut lui reprocher, à juste titre, d’avoir repris le discours russe, en proposant d’emblée l’abandon de la Crimée par l’Ukraine. Reste que le Kremlin se retrouve aujourd’hui dans une position diplomatique délicate. Rien n’est acquis. Mais l’émissaire de Trump, Steve Witkoff, a bel et bien joué un rôle positif ces dernières semaines.
Avec la Chine, le grand jeu
Bien malin celui qui peut prédire l’issue finale des négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine qui ont démarré ce week-end en Suisse. Fidèle à sa tactique, Donald Trump a déjà plusieurs fois reculé sur sa proposition d’imposer des tarifs douaniers à 145% sur les produits chinois importés qui remplissent les rayons des supermarchés américains où s’approvisionnent les électeurs MAGA (Make America Great Again). Trump, qui parle maintenant de 80%, a-t-il pour autant perdu la partie? Pas sûr. Pékin va devoir faire des concessions. Le locataire de la Maison Blanche s’est trompé sur sa capacité à faire plier d’emblée Xi Jinping. Il garde en revanche de solides atouts dans ce grand jeu sino-américain.
Sur l’Iran, la volte-face
Donald Trump n’en est pas à une contradiction près. Le 2 mai 2018, sous son premier mandat, le président avait dénoncé l’accord signé avec l’Iran (JCPO) après des négociations à Lausanne. «Nous mettons fin à la participation des Etats-Unis au plan d’action global conjoint (JCPOA) avec l’Iran et réimposons les sanctions levées dans le cadre de l’accord», avait-il déclaré. Or voilà maintenant que son émissaire Steve Witkoff retrouve ce dimanche les négociateurs iraniens, avec pour objectif de convaincre Téhéran, grosso modo, de revenir à l’accord dénoncé sous Trump 1! Qu’importe: l’essentiel est, pour la Maison Blanche, de démontrer à l’Arabie saoudite et à Israël que l’Iran peut être traité «diplomatiquement». En empochant au passage les bénéfices de cette reprise des pourparlers avec le régime des mollahs.
Avec l’UE et l’OTAN, statu quo
C’est là que la partie est la plus compliquée pour Donald Trump. Après avoir mis en scène son nouvel accord commercial avec le Royaume-Uni (lequel pourrait bien devenir, dans le futur, un «porte-avion» pour produits chinois), le président des Etats-Unis doit obtenir ses gains substantiels de la part de l’Union européenne. Or l’UE tient bon. Sa proposition d’augmenter de 50 milliards d’euros les achats européens de produits américains pour tenter de mettre fin à la guerre commerciale ne change pas fondamentalement la donne. Idem sur l’OTAN. Les pays alliés des Etats-Unis sont d’accord pour dépenser plus pour leur défense, mais ils restent loin des 5% de leur produit intérieur brut, exigés par Trump (sauf la Pologne). Le sommet de l’OTAN les 24 et 25 juin à la Haye est loin d’être gagné pour POTUS (President of the United States).
A Gaza, pas de Riviera mais…
Donald Trump a choqué le monde entier en proposant de transformer la bande de Gaza, détruite par les frappes indiscriminées de l’armée israélienne depuis des mois, en nouvelle «Riviera». La vidéo caricaturale et indécente diffusée sur les réseaux sociaux n’a pas aidé. De toute façon, l’agenda Trump est connu: pour lui, le Premier ministre Israélien Netanyahu a carte blanche pour expulser les Palestiniens. La riposte à l’assaut terroriste du Hamas du 7 octobre 2023 justifie tout. Attention toutefois: en Arabie saoudite, Trump va parler aux pays du Moyen-Orient. Il reste persuadé que le levier économique est le seul capable d’imposer une paix. Avec, bien sûr, Israël dans le rôle du vainqueur qui impose sa loi aux Palestiniens. Les Etats-Unis propose qu'une nouvelle fondation soit prochainement chargée de la gestion de l'aide humanitaire dans le territoire. Trump continue d'y croire.