Donald Trump a répondu au téléphone. Lorsque les dirigeants européens présents à Kiev ce samedi 10 mai ont composé le numéro de la Maison Blanche, aux côtés du Président ukrainien Zelensky, leur appel à un cessez-le-feu immédiat de trente jours venait d’être formulé. Désormais, le Président des Etats-Unis y est de facto associé. Reste à savoir si Vladimir Poutine va l’accepter et s’il met des conditions.
Cinq facteurs peuvent permettre de parvenir à cette trêve des combats qui permettrait enfin à des pourparlers de paix de démarrer.
Trump n’est plus un obstacle
C’est l’élément nouveau. Cela ne veut pas dire que les Etats-Unis ne vont pas continuer de jouer leur partition solo, en recherchant un accord bilatéral avec la Russie. Le fait est, néanmoins, que Moscou n’a plus l’avantage dans la partie d’échecs diplomatique qui se joue autour de l’Ukraine.
La parade militaire du 9 mai sur la place rouge, en présence du Président chinois Xi Jinping et d’un seul chef de gouvernement de l’Union européenne (le slovaque Robert Fico), mais sans un représentant américain de haut rang, prouve que la Maison Blanche veut tourner la page. C’est maintenant à Poutine d’agir. Les initiatives européennes ne sont plus entravées par Washington.
Poutine n’a pas d’alternative
Le Président russe peut évidemment poursuivre les combats, voire augmenter encore la pression militaire sur l’Ukraine. Il sait en revanche qu’il ne peut pas gagner cette guerre, et que plus il persistera, plus le front occidental se consolidera car Donald Trump se sentira humilié, lui qui promettait de faire la paix en un jour, puis en cent jours, en misant sur la bonne volonté de Moscou. Une trêve de trente jours, telle que proposée par les Européens, a en plus l’avantage de correspondre au discours officiel de la Russie qui s’est dite prête à des négociations.
Les Européens restent unis
C’est peut-être le point qui déconcerte le plus Trump et Poutine. Tous deux pensaient dans doute que le front uni européen ne tiendrait pas. Or la présence à Kiev, samedi 10 mai, des dirigeants français, allemand, britannique et polonais prouve le contraire. Leur visite est une réponse symbolique aux commémorations en grande pompe des 80 ans de la victoire sur l’Allemagne nazie tenues vendredi à Moscou. Un nouveau train de sanctions de l’UE contre la Russie est à l’étude. La livraison par l’Allemagne de missiles longue portée Taurus est aussi envisagée. La coalition est solide.
Un cessez-le-feu partiel est déjà là
L’expression «cessez-le-feu» est impossible à utiliser alors que les combats se poursuivent sur le front long de 1400 kilomètres mais dans les faits, l’intensité des combats et des frappes a diminué ces derniers jours, après la décision de Vladimir Poutine d’interrompre les hostilités pour trois jours, du 7 au 10 mai. Que va-t-il se passer cette nuit, lorsque cette trêve (que les deux camps s’accusent mutuellement d’avoir violée) va prendre fin?
Une force internationale est possible
Il faudra contrôler le cessez-le-feu de trente jours s’il est accepté par les deux parties. Or l’élément nouveau, si l’on en croit Emmanuel Macron, est que la «coalition des volontaires» autour de l’Ukraine a un début de solution. Selon le président français, le respect du cessez-le-feu proposé samedi à Moscou par l’Ukraine et ses alliés sera contrôlé par «une surveillance assurée principalement par les Etats-Unis d’Amérique» à laquelle «tous les Européens contribueront». Acceptable pour la Russie de Poutine?