Discret depuis la passation de pouvoir, Joe Biden sort de son silence et attaque frontalement. Dans une interview télévisée sur ABC diffusée jeudi 8 mai, l’ancien président n’a pas mâché ses mots à l’égard de son successeur: «Il a connu les 100 premiers jours les plus catastrophiques de tous les présidents.» Une déclaration cinglante qui a immédiatement fait réagir la Maison Blanche, qualifiant Biden de «véritable honte».
Mais l’ancien locataire du Bureau ovale ne s’en prend pas qu’à Donald Trump. Il critique aussi les démocrates qui ont mis en doute ses capacités, et revient sur ses liens avec Kamala Harris, la candidate malheureuse lors des dernières élections. Blick fait le point sur ce comeback.
Trump, son rival
Au-delà du bilan, la rancune reste vive. «Je ne dirais pas que l’honnêteté a été son point fort», lâche Biden à propos de Donald Trump. Et lorsqu’on lui demande pourquoi son rival continue de le citer dans ses discours, la réponse fuse: «Parce que je l’ai battu», faisant références aux élections de 2020.
Et selon lui, il l’aurait battu une fois encore, s’il était resté dans la course présidentielle. Pourtant, l’opinion publique en doutait fortement en raison de son âge, et son débat raté contre Trump en juin dernier a marqué un tournant.
La riposte républicaine ne s’est pas fait attendre. Steven Cheung, directeur de la communication de la Maison Blanche, a réagi avec violence: «Joe Biden est une honte totale pour ce pays et pour la fonction qu’il a occupée.» Avant d'enchainer: «Il a manifestement perdu toutes ses facultés mentales, et ses conseillers ont jugé bon de le faire participer à une interview dans laquelle il a bafouillé de manière incohérente à chaque réponse. Malheureusement, cela ressemble à de la maltraitance.»
Les démocrates, les saboteurs
Mais l’ancien président ne s’en prend pas qu’aux républicains. Il cible aussi les démocrates qui lui ont reproché d’avoir tardé à se retirer de la course électorale, estimant qu’il n’était plus apte à gouverner. «Ils ont tort. Rien ne permet de soutenir cette position», réplique Biden, balayant les soupçons de déclin cognitif. Il défend même son bilan: «J’ai fait du très bon travail les six derniers mois.»
Il reconnaît toutefois un échec: le premier débat contre Donald Trump en juin dernier qu'il décrit comme une «soirée terrible». Mais pour lui, ce sont quelques figures influentes et non la majorité du parti qui ont tenté de le pousser dehors.
Pourquoi alors avoir jeté l’éponge en juillet? «La seule raison pour laquelle j'ai abandonné la course, c'est que je ne voulais pas d'un Parti démocrate divisé.» Il ajoute: «J'ai pensé qu'il valait mieux faire passer le pays avant mes intérêts personnels.»
Kamala Harris, son poulain
Pour la première fois, Joe Biden assume la responsabilité de l'échec de Kamala Harris contre le candidat républicain: «J'étais aux commandes, et il a gagné.» Il dénonce aussi la campagne sexiste et raciste que son adversaire républicain aurait menée contre elle: «Je n’ai jamais vu une campagne aussi réussie et constante pour saper l’idée qu’une femme, et une femme métisse, puisse diriger ce pays.»
L’ancien président confie parler régulièrement avec Kamala Harris, et assure qu’elle continue de solliciter son avis. «Elle a une décision difficile à prendre sur la suite de sa carrière. J’espère qu’elle restera pleinement engagée. Je la trouve excellente. » Avant de nuancer: «Mais nous avons aussi d’autres candidats de grande qualité.»