Mike Pence ne mâche pas ses mots
L'ancien vice-président de Trump lui déclare la guerre

Mike Pence règle ses comptes. L’ex-vice-président de Donald Trump critique ouvertement son ancien allié : guerre commerciale, soutien à l’Ukraine, droit à l’avortement, attaque du Capitole… Pour lui, Trump a trahi l’héritage de leur premier mandat.
Publié: il y a 43 minutes
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Dernière mise à jour: il y a 41 minutes
Mike Pence, ancien bras droit de Donald Trump, regrette le virage pris par le président lors de son second mandat.
Photo: CQ-Roll Call, Inc via Getty Imag
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Solène MonneyJournaliste Blick

Mike Pence sort du silence et tacle l’homme qu’il a soutenu durant quatre ans à la présidence des Etats-Unis. Lundi 5 mai, l’ex-vice-président a accordé une interview à CNN dans laquelle il critique frontalement les choix politiques de Donald Trump. Tout y passe: la guerre commerciale, le soutien jugé trop timide à l’Ukraine, la grâce des assaillants du Capitole, et même l’abandon des valeurs conservatrices sur l’avortement.

Mike Pence déplore un virage radical par rapport au premier mandat Trump et de son administration. Il dit vouloir faire entendre une autre voix, absente selon lui des cercles du pouvoir: «Quel que soit l’avenir qui m’attend, je veux défendre ces valeurs conservatrices qui ne sont pas seulement bonnes pour le Parti républicain, mais essentielles à un avenir sans limites pour le peuple américain.»

Les assaillants du Capitole

Un épisode que Mike Pence n’a toujours pas digéré est la grâce accordée par Donald Trump à près de 1000 assaillants du Capitole. Et pour cause, le 6 janvier 2021, alors vice-président, Mike Pence avait résisté aux pressions de Trump et validé les résultats de l’élection présidentielle, confirmant la victoire de Joe Biden. Ce refus a creusé un fossé entre les deux hommes… et fait de Pence une cible directe pour les émeutiers.

«J’ai été profondément déçu de voir le président Trump gracier ceux qui avaient agressé les forces de l’ordre ce jour-là. La Constitution confère au président le droit d'accorder des grâces, mais à ce moment-là, j'ai pensé que cela envoyait un message désastreux», déplore-t-il. Selon lui, l’honneur aurait été de saluer plutôt le courage des policiers qui ont protégé le Congrès.

Les taxes douanières


Sur la nouvelle guerre commerciale lancée par Donald Trump, Mike Pence est catégorique: «Ce n’est pas une victoire pour le peuple américain.» Déjà sous leur premier mandat, des divergences existaient entre les deux hommes. Trump prône des taxes généralisées sur toutes les importations, tandis que Pence défend un «libre-échange entre nations libres».

Selon lui, il faut distinguer alliés et adversaires économiques. «Face au monde libre, nous devrions encourager l’abaissement des barrières commerciales, des barrières non tarifaires et des subventions. Avec les régimes autoritaires, nous devons faire preuve de fermeté et exiger qu'ils ouvrent leurs marchés et respectent notre propriété intellectuelle.»

Et justement, l’ancien vice-président déplore les tensions avec des partenaires comme le Canada: «Ce pays a été un allié fidèle, dont les soldats sont morts aux côtés des nôtres depuis la Première Guerre mondiale.»

Enfin, Pence alerte sur les conséquences possibles pour les consommateurs américains à la fin de la pause de 90 jours: «Je pense que le peuple américain va en subir les conséquences. Je pense qu'il exigera une approche différente.»

La guerre en Ukraine


Sur la guerre en Ukraine, Mike Pence et Donald Trump sont une nouvelle fois en désaccord. «Poutine ne veut pas la paix, il veut l’Ukraine», affirme l’ex-vice-président, qui estime que le maître du Kremlin «ne comprend que le rapport de force». Il appelle à un soutien clair et durable à Kiev, et critique la posture actuelle de Trump: «Le soutien hésitant de l’administration ces derniers mois n’a fait qu’enhardir la Russie.»

Pour Mike Pence, l’enjeu dépasse largement l’Ukraine: «Si Poutine la conquiert, ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne franchisse une frontière où nos soldats devront combattre.» Il défend l’ordre international issu de la Seconde Guerre mondiale et le rôle central que doivent y jouer les Etats-Unis.

L'avortement


Ce qui fait bondir Mike Pence, c’est la nomination de Robert F. Kennedy Jr. au poste de ministre de la Santé par Donald Trump. L’ancien vice-président, farouchement anti-avortement, reproche à RFK Jr. d’avoir longtemps défendu le droit à l’avortement, même si ce dernier a changé de fusil d'épaule lors de son audition au Sénat, déclarant que «chaque avortement est une tragédie», en accord avec Trump.

Pence dénonce aussi les positions antivaccins de Kennedy, alors qu’une épidémie de rougeole sévit dans plusieurs Etats, notamment au Texas: « Je suis préoccupé par le fait que le secrétaire à la Santé ait passé sa vie à miner la confiance du public dans les vaccins.» Tout n’est cependant pas à jeter dans ce second mandat, selon Mike Pence, qui salue les mesures renforcées contre l’immigration clandestine.

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