Une stratégie gagnante?
La Chine contourne les droits de douane de l'UE avec davantage de modèles hybrides

Avec des droits de douane punitifs, l'UE veut empêcher que les voitures électriques bon marché de Chine inondent les marchés locaux. Les constructeurs automobiles chinois misent donc de plus en plus sur les hybrides plug-in. Que signifie ce changement de stratégie?
Publié: 21.08.2025 à 14:31 heures
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Les constructeurs chinois comme BYD ont réagi: ils exportent désormais davantage de voitures hybrides vers l'Europe.
Photo: Shutterstock
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Gabriel Knupfer

Depuis octobre 2024, l'Union européenne (UE) impose des droits de douane punitifs sur les voitures électriques chinoises. Les constructeurs de l'Empire du Milieu doivent payer jusqu'à 35% supplémentaires. Mais au lieu de faire l'autruche, les grands acteurs BYD, Geely et SAIC réagissent en changeant de stratégie: ils exportent de plus en plus d'hybrides plug-in vers l'Europe, car ceux-ci ne sont pas concernés par les droits de douane punitifs.

Rien que pour BYD, 20'000 voitures hybrides rechargeables ont déjà été immatriculés en Europe au premier semestre 2025, comme le rapporte la chaîne de télévision allemande ZDF. C'est trois fois plus que pour l'ensemble de l'année 2024. Et ce chiffre pourrait encore augmenter massivement: le plus grand groupe automobile chinois BYD veut présenter prochainement d'autres modèles plug-in pour le marché européen. En Suisse, où les droits de douane de l'UE ne s'appliquent pas, BYD ne propose en revanche que des voitures électriques. 

L'UE torpille les objectifs climatiques

Financièrement, cette nouvelle stratégie est compréhensible: une voiture électrique de BYD est actuellement soumise à un droit de douane de 27%. Pour un plug-in, en revanche, seul le droit de douane de base de 10% s'applique. Il en résulte rapidement une différence de plusieurs milliers de francs dans le prix de vente ou la marge.

Les hybrides chinois vont-ils grignoter les parts de marché des constructeurs européens de la même manière que les véhicules électriques? Pour l'expert Stefan Bratzel du Center of Automotive Management (CAM) allemand, les Chinois devraient progresser au détriment des Européens, du moins à court terme, comme il l'a déclaré à la ZDF. Mais à moyen terme, les constructeurs remettraient les véhicules électriques sur le devant de la scène. «Ne serait-ce que pour respecter les prescriptions en matière de CO2.»

L'UE, en revanche, a fait un mauvais calcul. Avec les droits de douane punitifs, elle ne parvient pas à protéger efficacement sa propre industrie automobile. Et avec ces droits de douane, elle torpille encore ses propres objectifs climatiques si davantage d'hybrides plug-in sont effectivement vendus. Car celles-ci émettent également du CO2 et ne pourront plus être immatriculés dans l'UE à partir de 2035. 

Une production bientôt sur sol européen

Il est probable que l'offensive plug-in des Chinois ne soit de toute façon que temporaire. Afin de contourner les droits de douane de l'UE, BYD produira à l'avenir en Hongrie et en Turquie. En raison des faibles coûts salariaux, l'usine turque est idéale pour approvisionner le marché européen en véhicules électriques peu chers. En effet, les voitures en provenance de Turquie ne sont pas soumises au droit de douane de 10% que l'UE applique habituellement aux importations de véhicules.

En janvier, l'agence Reuters a en outre rapporté que plusieurs entreprises chinoises s'intéressaient à des sites en Allemagne dont le groupe VW voulait se débarrasser. Les constructeurs chinois montrent ainsi une fois de plus à quel point ils peuvent réagir rapidement à de nouveaux défis. Reste à savoir si les constructeurs automobiles européens trouveront une réponse aussi efficace aux droits de douane de Donald Trump.

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