Une déclaration sur Telegram
Le chef de Wagner veut-il vraiment mettre fin à la guerre?

Samedi, le fondateur du groupe de mercenaires russes Wagner a publié une déclaration de 30 pages. Il y demande notamment à la Russie de proclamer sa victoire militaire. L'oligarque serait-il sérieux et souhaiterait-il la paix? Les observateurs en doutent.
Publié: 17.04.2023 à 08:50 heures
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Dernière mise à jour: 17.04.2023 à 08:55 heures
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Evgueni Prigojine s'affiche régulièrement comme commandant militaire sur le front ukrainien.
Photo: keystone-sda.ch
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Myrte Müller

Il s'est fait connaître comme le cuisinier de Vladimir Poutine. Puis il a dirigé l'unité militaire la plus puissante de Russie. Aujourd'hui, Evgueni Prigojine s'est transformé en le Raspoutine du chef du Kremlin. Depuis le début de la guerre en Ukraine, le fondateur du tristement célèbre groupe Wagner ne cesse de se mettre en scène dans les médias, parfois avec des messages provocateurs.

Il critique ouvertement le commandement militaire russe. Il se plaint que ses soldats mercenaires ne soient pas approvisionnés en munitions et accuse l'état-major russe de trahison. Mais jamais un mot négatif n'est prononcé contre Vladimir Poutine.

Ainsi, son dernier message Telegram, tout à fait contradictoire, laisse planer le doute. Vendredi 14 avril, le chef de Wagner a déclaré que le pouvoir russe devait annoncer la fin de l'opération militaire spéciale et «s'ancrer solidement» dans les territoires occupés.

Les objectifs de guerre seraient en quelque sorte atteints. La majeure partie de la population masculine active de l'Ukraine a été anéantie et le reste a été intimidé. En outre, la Russie a «coupé l'Ukraine de la mer d'Azov et d'une grande partie de la mer Noire, conquis une partie importante du territoire ukrainien et assuré un pont terrestre vers la Crimée», selon Evgueni Prigojine.

Attention aux «ennemis intérieurs»

L'arrière-plan possible de son message de 30 pages pourrait être la contre-offensive ukrainienne prévue, dont Evgueni Prigojine semble apparemment convaincu du succès. Et le soi-disant «appel à la victoire» ne doit pas être un appel à la paix. En effet, les analystes de l'Institut américain de recherche sur la guerre (ISW) mettent en garde contre le fait de placer la déclaration rhétorique de l'homme dans un contexte erroné. Le titre de l'essai «Seul un combat honnête: pas de négociations» parle déjà de tout autre chose.

Manifestement, le chef de Wagner craint qu'une élite étatique qui n'appartient pas au cercle proche de Vladimir Poutine ne pousse la Russie à négocier. Evgueni Prigojine les qualifie de «Deep State»: des «ennemis intérieurs», qui pousseraient à faire des concessions sérieuses et trahiraient ainsi les intérêts russes.

Selon l'homme, une fois les accords signés, des Russes autrefois puissants en exil comme l'ennemi juré de Vladimir Poutine Mikhaïl Khodorkovski, le patron de la banque Mikhaïl Fridman, l'ancien ministre de la Primature Arkadi Dvorkovitch ou l'ex-envoyé spécial Anatoli Tchoubaïs, reviendraient en Russie.

«La Russie devient un monstre militaire»

Evgueni Prigojine s'est également exprimé à propos de l'offensive ukrainienne attendue. «Soit les forces armées de l'Ukraine seront vaincues, soit la Russie pansera ses plaies, renforcera ses muscles et déchirera ses rivaux dans un combat loyal.»

Pour l'homme, rien ne menacerait la puissance suprême de la Russie. Elle serait le symbole de l'unité nationale et de la résistance à l'Occident. Une défaite pourrait même s'avérer être un avantage pour la Russie, poursuit Evgueni Prigojine, car après avoir touché le fond, le pays ne peut que s'élever. Celui-ci se transformera «pas à pas en un monstre militaire».

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