Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour «lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques», selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés.
Le président Saied a également exprimé à son interlocuteur son rejet du «recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques».
Lundi, Giuseppe Perrone avait reçu Noureddine Taboubi, chef du principal syndicat tunisien UGTT – qui a récemment menacé de déclencher une grève générale pour obtenir des hausses salariales – et avait salué «le rôle important» de l'organisation «en faveur du dialogue social et du développement économique» en Tunisie, selon un communiqué de la délégation européenne à Tunis.
Liens avec l'UGGT dénoncés
L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700'000 adhérents.
Le diplomate européen avait «réaffirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec l'UGTT et de continuer à soutenir la Tunisie sur les plans social et économique, dans divers secteurs», selon la même source. De son côté, le secrétaire général de l'UGTT avait appelé à renforcer et développer la coopération entre la Tunisie et l'Union européenne.
La semaine passée, Noureddine Taboubi a présidé une réunion de l'UGTT où il a apporté son soutien à différents mouvements de grève en cours dans le secteur privé pour réclamer des augmentations de salaires. Il a salué le succès d'une grève générale ayant eu lieu dans la grande ville de Sfax (centre-est) et menacé d'organiser prochainement une grande grève au niveau national.
Contexte social compliqué
«L'organisation se dirige vers une grève générale pour défendre les acquis matériels et sociaux des travailleurs face aux difficultés quotidiennes». Noureddine Taboubi a dénoncé «une baisse du pouvoir d'achat» des Tunisiens face à «des conditions de vie précaires sur le plan des transports, de la santé et de la maladie», défendant «leur droit syndical à se défendre» afin d'obtenir «un salaire décent qui leur fait défaut actuellement».
Le salaire minimum en Tunisie est d'environ 520 dinars (150 euros) pour 48 heures par semaine. Le taux d'inflation reste très élevé notamment pour les produits alimentaires. Il est récemment revenu à environ 5% après avoir atteint un pic de 10% en 2023.