Donald Trump a une nouvelle fois laissé filer une échéance. Jeudi, il espérait voir son «plan de paix» pour l’Ukraine signé par les deux camps. C'est raté.
Les nouvelles prises de position du président ukrainien Volodymyr Zelensky et du dirigeant russe Vladimir Poutine montrent qu’aucune issue ne se dessinera avant un moment. Deux obstacles majeurs empêchent la fin proche de l’horreur en Ukraine, dont la capitale a été frappée par des attaques meurtrières dans la nuit de vendredi à samedi.
Jeudi, le président russe a répété qu’il n’accepterait des négociations que si l’Ukraine cédait au moins l’intégralité du Donbass et de la Crimée à la Russie. Sans cela, aucune discussion n’est envisageable.
Si Kiev refuse, «les objectifs seront atteints militairement», a insisté Poutine. Selon l’Institut américain d’études sur la guerre ISW, l’armée russe devrait continuer d'attaquer jusqu’en août 2027 au moins pour contrôler complètement le Donbass. Poutine a précisé qu’il irait «jusqu’au dernier Ukrainien» si nécessaire.
Le problème? Même si elle le voulait, l’Ukraine ne pourrait pas abandonner le Donbass. Sa Constitution l’interdit. Elle stipule que «le territoire de l’Ukraine est indivisible et inviolable dans ses frontières actuelles» (article 2).
Ni Zelensky ni son gouvernement ne peuvent modifier ce point à leur guise. Une telle révision nécessiterait une majorité des deux tiers au Parlement et devrait être approuvée par une majorité populaire (article 73). Mais un vote national est impossible en période de guerre. Concrètement, la demande de Poutine est inapplicable sans violer la Constitution ukrainienne.
Jeudi, face à des journalistes, le chef du Kremlin a réaffirmé que des négociations avec l’actuel président ukrainien étaient «juridiquement impensables». Il qualifie Zelensky de «membre d’un gang criminel» et ne le reconnaît pas comme président légitime. Toute signature d’un traité de paix serait donc nulle aux yeux de Moscou.
Poutine fonde son argument sur l’expiration officielle du mandat de Zelensky en mai. Or, la Constitution ukrainienne interdit toute élection en temps de guerre, un préalable indispensable pour désigner un successeur. Par ailleurs, organiser un scrutin libre sous la menace constante des missiles russes et avec des millions de citoyens dans des territoires occupés serait très improbable.
En dehors de la Russie, seuls quelques acteurs refusent de reconnaître Zelensky. L’Europe et les Etats-Unis continuent, eux, de le considérer comme le président légitime.
Une alliance qui s'effrite avec Washington
Washington a confirmé avoir transmis à Moscou une version révisée du «plan de paix» initial. La semaine prochaine, l’envoyé américain controversé Steve Witkoff doit se rendre en Russie pour discuter du nouveau projet avec Poutine. Ses chances de parvenir à un accord sont jugées faibles.
Zelensky, qui se dit toujours disposé à dialoguer, a laissé entendre ces dernières heures qu’il se préparait à une guerre de longue durée. Dans son allocution vidéo, il a remercié «nos amis européens et la partie américaine», et non «les amis américains». Une nuance significative.
La veille, il s’était directement adressé aux soldats ukrainiens de première ligne, déclarant: «Il est important que nous continuions à détruire notre ennemi et que nous achevions notre mission. C'est la base dont nous aurons besoin pour les futures négociations dans l'intérêt de l'Ukraine.»
Zelensky rappelle ainsi un principe ancien de la diplomatie de guerre: sans pression militaire, sans dynamique nouvelle sur le champ de bataille pour l’un des camps, il n’existe aucune perspective de négociations véritablement fructueuses. Malgré près de quatre années de combats, ni les Ukrainiens ni les Russes ne montrent de signes d’épuisement. Rien de bon pour la prochaine échéance de paix fixée par Trump, quelle qu’elle soit.