«Quand j'ai rouvert les yeux, je n'avais plus d'orteils»
Ces minuscules mines russes infligent mutilations et terreur en Ukraine

Elles sont petites, difficiles à détecter et provoquent des dégâts monstrueux. A Kherson, on met en garde contre ces mines dites «papillon», une arme strictement interdite à l'international que l'armée russe continue pourtant de semer à travers l'Ukraine.
Publié: 25.11.2025 à 21:04 heures
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Développées dans les années 1970 en URSS, les mines papillon se dissimulent redoutablement bien dans le paysage automnal.
Photo: Twitter
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Angela Rosser

Cette menace russe est certes toute petite, mais elle n'en est pas moins dangereuse. On les appelle «mines papillon», ou «mines pétales» en raison de leur forme caractéristique.

Dans les écoles de Kherson, au sud de l'Ukraine on trouve déjà des panneaux mettant en garde contre ces objets mortels. «Attention: l'ennemi mine non loin de notre région», peut-on y lire, comme le rapporte le quotidien allemand «Bild».

Des mains et des pieds mutilés

Ces mines, qui semblent avoir de petites ailes, sont de type PFM-1 et ont été conçues en Union soviétique dans les années 1970. Sous le tapis des feuilles d'automnes, elles sont parfaitement camouflées, donc exceptionnellement dangereuses. Interdites au niveau international, l'armée russe continue pourtant de les utiliser. Elles ont même été découvertes à proximité d'hôpitaux ukrainiens.

La plupart du temps, elles sont larguées par des avions ou des missiles. Grâce aux ailes latérales, la chute de la mine est ralentie. Elles se répandent ainsi, presque paisiblement, sur de vastes zones. Le conteneur contient de l'explosif liquide et le détonateur se déclenche à une pression d'environ cinq kilogrammes. En raison de leur forme et de leur peinture multicolore, elles peuvent parfois être prises pour de simples jouets.

Olena Semenikhina, une élue locale, a elle-même été victime d'une de ces mines. «J'ai subie l'explosion de plein fouet. Lorsque j'ai rouvert les yeux, je n'avais plus d'orteils à mon pied droit», raconte-t-elle.

L'Ukraine aussi responsable

Depuis le début de l'année, trois personnes ont déjà été tuées par les mines papillon et 67 ont été blessées, rapporte le gouverneur militaire Oleksandr Prokudin. «C'est devenu une tactique récurrente. Le but est de terroriser la population», dit-il. Selon lui, il y a en moyenne 2500 explosions par mois.

En 2023, l'ONG Human Rights Watch a documenté l'utilisation de mines antipersonnel dans le conflit russo-ukrainien. Si elles sont bel et bien utilisées par l'armée russe, le rapport dénonce aussi leur usage par l'Ukraine. Kiev a pourtant affirmé que ses troupes respectaient strictement le droit international.

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