La stratégie polonaise
Pour négocier avec Poutine, il n'y a que la force

Selon le ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski, il existe une possibilité de négocier avec le chef du Kremlin Vladimir Poutine. Mais seule la pression peut briser la résistance du Kremlin.
Publié: 10:19 heures
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Dernière mise à jour: 10:47 heures
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Le ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski voit un moyen de négocier avec Vladimir Poutine.
Photo: keystone-sda.ch
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Johannes Hillig

L’espoir était grand lorsque le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, s’est rendu en Alaska en août dernier pour s’entretenir avec le président américain Donald Trump. Mais aucune négociation n’a suivi, aucun effort concret n’a été engagé pour mettre fin à la guerre en Ukraine.

Après plusieurs mois de pourparlers, Donald Trump s’est récemment dit déçu par Vladimir Poutine, estimant que ce dernier aurait pu mettre fin au conflit s’il l’avait vraiment voulu. Jusqu’à présent, la Russie n’a montré aucune ouverture dans les discussions avec l’Ukraine. Moscou maintient ses exigences maximales: le renoncement de Kiev à toute adhésion à l’OTAN, mais aussi à certains de ses propres territoires.

Il semble désormais impossible de négocier avec Poutine. C’est au tour du ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, de livrer son point de vue. «Les négociations avec la Russie sont possibles. Mais elles doivent se dérouler en deux temps», écrit-il dans une tribune publiée par le «New York Times».

L'élite du Kremlin trop faible

Radoslaw Sikorski précise cette stratégie en deux phases: «D’abord une démonstration de force, ensuite le dialogue.» Il établit un parallèle avec la guerre froide et les discussions entre le président américain de l’époque, Ronald Reagan (1911–2004), et le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev (1931–2022).

A l’époque, Ronald Reagan avait profité de la fragilité de l’URSS pour exercer une pression militaire et économique considérable. «Quand l’élite du Kremlin a compris qu’elle était trop faible pour briser la détermination de Reagan, elle a commencé à négocier», rappelle Radoslaw Sikorski. C’est ainsi que le rideau de fer a fini par tomber.

«L'ère des empires est terminée»

Selon lui, Vladimir Poutine n’en est pas encore à ce stade. «La seule manière de le ramener à la table des négociations est de lui faire comprendre qu’il ne peut effacer l’erreur commise le 24 février 2022, lorsqu’il a lancé l’invasion de l’Ukraine, en la détruisant», affirme le ministre.

C’est pourquoi il estime essentiel de continuer à soutenir Kiev, financièrement comme militairement, tout en accentuant la pression sur Moscou. Il plaide notamment pour un durcissement des sanctions: «Les dirigeants russes doivent comprendre que leur tentative de reconstruire le dernier empire d’Europe est vouée à l’échec. L’ère des empires est terminée.»

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