Cette rencontre au sommet s’annonce politiquement explosive: le président américain Donald Trump rencontrera vendredi prochain le chef d’État russe Vladimir Poutine dans l’État américain de l’Alaska. Il s’agira de la première entrevue d’un président américain en exercice avec Vladimir Poutine depuis l’été 2021. Notre éclairage sur ce sommet.
Pourquoi l’Alaska?
Le conseiller du Kremlin Iouri Ouchakov a qualifié le choix de l’Alaska comme un lieu de rencontre «assez logique». La Russie et les États-Unis sont en effet des voisins proches, la délégation russe pourrait «simplement survoler le détroit de Béring». De plus, historiquement, l'Alaska appartenait à la Russie jusqu'en 1867.
Le gouverneur de l’Alaska, Mike Dunleavy, a souligné l’importance stratégique de cette région: «La Russie et l’Alaska sont distants d’à peine trois kilomètres, aucun autre endroit ne joue un rôle plus important pour notre défense nationale, notre sécurité énergétique et notre leadership dans l’Arctique.»
Il ajoute: «Il est donc tout à fait approprié que des discussions d’importance mondiale aient lieu ici. L’Alaska a été un pont entre les nations pendant des siècles et demeure aujourd’hui une porte d’entrée pour la diplomatie, le commerce et la sécurité dans l’une des régions les plus critiques du monde.»
Le lieu exact de la rencontre reste pour l’instant secret, aucune des parties n’ayant communiqué sur ce point, principalement pour des raisons de sécurité.
Quel est l’enjeu principal?
Au cœur des discussions: la guerre en Ukraine. Donald Trump a à plusieurs reprises exprimé son souhait de mettre rapidement fin au conflit. Un point central des négociations serait un éventuel «échange de territoires» entre la Russie et l’Ukraine, afin de parvenir à un accord de paix «pour le bien des deux parties», selon le président américain.
Vladimir Poutine revendique les quatre régions ukrainiennes de Lougansk, Donetsk, Zaporijjia et Kherson, ainsi que la péninsule de la Crimée, annexée en 2014. Bien que les forces russes ne contrôlent pas entièrement ces territoires, certains rapports indiquent qu'un accord pourrait prévoir la fin de l’offensive russe à Kherson et Zaporijjia, en échange du retrait des troupes ukrainiennes de l’est du pays et une reconnaissance internationale des territoires gagnés comme russes.
Quelle est la réaction de Volodymyr Zelensky?
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est exprimé samedi matin sur X à propos du sommet: «L’Ukraine est prête à prendre de vraies décisions qui pourraient apporter la paix. Mais les décisions contre nous, prises sans l’Ukraine, sont des décisions contre la paix.»
Pour lui, ce sommet est «très éloigné de la guerre qui fait rage sur notre terre, contre notre peuple», une guerre qui ne peut être terminée sans la participation de l’Ukraine. Il a rappelé que la Russie a commencé ce conflit et doit donc être celle qui le termine.
Concernant les territoires, Volodymyr Zelensky a affirmé que la réponse se trouve dans la Constitution ukrainienne: «Les Ukrainiens ne céderont pas leur pays à l’occupant. Nous sommes prêts à coopérer avec Donald Trump et nos partenaires pour une paix réelle et durable.»
Pour l’heure, rien n’indique qu’une rencontre entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky aura lieu. Ce dernier a réclamé à plusieurs reprises un tel entretien, et Donald Trump a également souligné la nécessité de discussions directes entre les dirigeants ukrainien et russe. Le Kremlin, de son côté, pose des conditions préalables à ces discussions, incluant souvent des exigences que l’Ukraine refuse d’accepter.
Qu'en est-il du mandat d’arrêt international contre Poutine?
La Cour pénale internationale (CPI) de La Haye a émis en mars 2023 un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine, soupçonné de crimes de guerre. Ce mandat est valable dans les 123 États parties au Statut de Rome. Or, les États-Unis ne sont pas signataires et ne sont donc pas tenus d’exécuter ce mandat en vertu du droit international.
Une prochaine rencontre en Russie?
Le Kremlin a déjà invité Donald Trump à se rendre en Russie à l’issue du sommet en Alaska. Le conseiller présidentiel Iouri Ouchakov a déclaré qu’il serait naturel que la prochaine rencontre ait lieu sur le sol russe. Une invitation officielle aurait été envoyée au président américain.