Le président français a réuni lundi un nouveau conseil de défense consacré à l'infiltration des Frères musulmans. Cette convocation fait suite à une première réunion fin mai, qu'Emmanuel Macron a jugée insuffisante, et lors de laquelle il avait demandé au gouvernement de formuler de nouvelles mesures.
Ce conseil de défense et de sécurité nationale se tiendra lundi en fin de matinée à l'Elysée, a indiqué l'entourage du président à l'AFP, confirmant une information du «Figaro», sans autre précision. D'après le quotidien, y sont attendus le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, sa collègue de l'Education Elisabeth Borne, mais aussi celle des Sports Marie Barsacq.
Le précédent conseil de défense consacré à «l'entrisme» des Frères musulmans avait tourné au recadrage, Macron s'étant agacé que le rapport qu'il avait commandé sur le sujet ait fuité dans la presse avant cette réunion. «Compte tenu de l'importance du sujet et de la gravité des faits établis, il a demandé au gouvernement de formuler de nouvelles propositions», s'était alors contenté d'indiquer l'Elysée.
Une menace pour la cohésion nationale?
Le rapport faisait état d'une «menace pour la cohésion nationale» avec le développement d'un islamisme «par le bas» de la part des Frères musulmans. Née en 1928 en Egypte, la confrérie des Frères musulmans porte le projet d'un islam politique conservateur. Le mouvement a été interdit dans plusieurs pays, comme l'Arabie saoudite, l'Egypte et plus récemment la Jordanie.
En France, il existe «dans certains quartiers» des phénomènes d'entrisme «identifiés», avait affirmé Macron dans la foulée du premier conseil de défense, tout en appelant à ne pas «penser qu'il y en a partout, parce que ça peut rendre complotiste ou paranoïaque». C'est précisément ce que lui reproche à gauche La France insoumise, dont le coordinateur national Manuel Bompard a encore dénoncé lundi sur TF1 une volonté de «pointer du doigt les Français de confession musulmane».
En pratique, les pistes avancées par Bruno Retailleau pour «s'attaquer aux écosystèmes islamistes» ont principalement pris la forme d'une réorganisation administrative, avec la création d'un rôle de «chef de file» en matière de renseignement, ou encore d'un «parquet administratif» capable par exemple de prononcer des dissolutions.
Des «mesurettes administratives» rejetées en bloc par la cheffe de file du Rassemblement national, Marine Le Pen, qui avait réclamé d'aller «chercher, dénoncer, débusquer, couper les financements, interdire les publications» de cette «idéologie totalitaire». Les décisions actées par ce nouveau conseil de défense pourraient faire l'objet d'un communiqué, a fait savoir l'Elysée.