Chapeau, masque et lunettes deviennent suspects
La paranoïa s'empare de l'Iran, Téhéran lance une chasse aux «traîtres»

Depuis les frappes israéliennes du 13 juin, le régime iranien multiplie les arrestations pour espionnage. Dans un climat de paranoïa totale, les autorités appellent la population à dénoncer tout comportement jugé suspect.
Publié: 08:27 heures
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Dernière mise à jour: 08:36 heures
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L'Iran est en proie aux frappes israéliennes depuis le vendredi 13 juin.
Photo: IMAGO/NurPhoto
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Solène MonneyJournaliste Blick

Depuis les frappes israéliennes du 13 juin, le régime iranien a basculé dans une véritable chasse à l’ennemi intérieur. Arrestations massives, pendaisons, appels à la délation: la paranoïa d’Etat atteint des sommets.

A Téhéran, plus de 28 personnes ont été interpellées: l’une d’elles a été pendue, signal brutal adressé aux éventuels complices. La répression vise aussi des dizaines de personnes à travers le pays pour avoir prétendument partagé des articles en ligne «en soutien au régime sioniste», relate CNN lundi 16 juin. Rien qu'à Ispahan, où Israël affirme avoir ciblé un site nucléaire, 60 personnes seraient déjà derrière les barreaux.

L’atmosphère est si électrique que le ministère du Renseignement appelle désormais la population à dénoncer toute attitude suspecte. Les consignes listent les étrangers portant masque ou lunettes de soleil, les camionnettes chargées de sacs volumineux ou encore quiconque filme près de sites militaires, industriels ou résidentiels.

«Des masques, des chapeaux et des lunettes»

Dans les rues, des affiches officielles somment les citoyens de se méfier de ceux qui «portent des chapeaux, des lunettes et des masques, même la nuit», ou qui reçoivent trop souvent des colis. Les Iraniens doivent également signaler «les bruits inhabituels provenant de l'intérieur des maisons» et les logements «avec les rideaux tirés même durant la journée». Le moindre bruit, cris, sons métalliques, coups répétés, peut désormais être interprété comme un signal d’alerte.

Cette frénésie sécuritaire se nourrit des révélations sur l’opération israélienne: des agents du Mossad auraient infiltré le territoire et caché des armes pour permettre des frappes internes. Une humiliation pour Téhéran.

Un message «aux traîtres»

Affaibli par des années de contestation, notamment après la mort de Mahsa Amini, le pouvoir iranien resserre l’étau. Les mêmes forces des Gardiens de la révolution qui avaient réprimé les manifestants, sillonnent désormais les villes la nuit pour accroitre la «surveillance».

Le chef de la police, Ahmad-Reza Radan, exhorte «les traîtres» à se dénoncer. Celui-ci leur fait miroiter un «traitement plus clément» et même d'être «honorés» par l'Iran. A l'inverse, ceux qui ne feraient pas tomber le masque, s'exposeraient à la fureur du régime, en subissant «le sort réservé à l'ennemi sioniste».

Le chef du pouvoir judiciaire iranien, Gholam-Hossein Mohseni-Eje'i, réclame quant à lui des «punitions» rapides pour les personnes accusées de collaborer avec Israël. Dans ce climat de suspicion totale, l’Iran transforme chaque citoyen en espion potentiel.

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