80 ans après la bombe atomique
Donald Trump aurait-il bombardé Hiroshima et Nagasaki?

Le 6 août 1945, la première bombe atomique jamais employée dans une guerre pulvérise la ville japonaise d'Hiroshima. Le 9 août, Nagasaki subit le même sort. Donald Trump, s'il avait été président, aurait-il donné l'ordre qui hanta le président Truman?
Publié: 11:21 heures
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Dernière mise à jour: 11:35 heures
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Le 6 août 1945, le centre-ville d'Hiroshima est soufflé par l'explosion de la première bombe atomique américaine.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Harry Truman ne surmonta jamais le cauchemar d’Hiroshima et Nagasaki. Lorsqu’il donne l’ordre, le 5 août 1945, de lancer le lendemain une bombe atomique sur la ville japonaise d’Hiroshima, le président des Etats-Unis fait basculer le monde dans une nouvelle ère: celle de la peur de l’anéantissement total. Et alors que plus de 100'000 Japonais viennent de trouver la mort dans la métropole nippone réduite en cendres, sa première déclaration se conclut par un appel à en tirer toutes les leçons: «L’énergie atomique, avertit-il, peut devenir un facteur puissant et déterminant pour le maintien de la paix mondiale.»

Qu’aurait fait à sa place un certain Donald Trump? Le 47e président aurait-il agi comme le 33e, alors que les deux hommes sont tellement différents. Truman vient d’accéder au pouvoir suprême lorsqu’il donne le feu vert à l’escadre de bombardiers B29 Superfortress – parmi lesquels l’Enola Gay, porteur de la bombe atomique «Little boy» de décoller de Tinian, dans l’archipel des Mariannes, pour détruire Hiroshima.

Truman, l’anti Trump

Ce membre du parti démocrate a 61 ans, et il a remplacé Franklin D. Roosevelt, dont il était vice-président, au décès de ce dernier, le 12 avril 1945. D’origine modeste, fils d’agriculteurs du Missouri, homme de confiance de Roosevelt pour la lutte contre les fraudes et le gaspillage durant le «New Deal», Truman est l’antithèse du Trump d’aujourd’hui. Discret. Peu sûr de lui en apparence. Résolu à faire des Etats-Unis un modèle de puissance au service de la communauté internationale, comme il le prouvera en poussant à la création de l’ONU, l’Organisation des Nations Unies.

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Imaginons un instant Donald Trump dans la même situation, sur la base de ses déclarations et de son comportement depuis sa seconde élection, le 5 novembre 2024. L’actuel locataire de la Maison Blanche va fêter ses jours-ci le 200e jour de son second mandat. Il professe être un homme de paix et vouloir en finir avec toutes les guerres. Il vient de renvoyer à Moscou son émissaire, l’ex-magnat de l’immobilier Steve Witkoff, qui doit y rencontrer pour la 4e fois Vladimir Poutine.

Les ultimatums de Trump

Trump a donné 50 jours, puis 10 – un ultimatum qui s’achève ce vendredi – au président russe pour démarrer des négociations de paix avec l’Ukraine. Mais il a aussi, pour la première fois depuis son élection, utilisé le mot «nucléaire». Pas à propos d’une bombe ou d’un missile, mais à propos du déploiement rendu public de deux sous-marins américains, en riposte aux attaques verbales de l’ancien président Dmitri Medvedev contre les Etats-Unis.

Imaginons aussi la situation dans laquelle se trouverait Trump, ce président qui n’a pas hésité, le 22 juin dernier, à ordonner des frappes américaines contre le complexe nucléaire iranien, en employant pour la première fois les terribles bombes GBU 57 de 13 tonnes et 6,6 mètres. Si nous étions au début août 1945, Donald Trump serait le président d’un pays déjà victorieux sur le flanc occidental, après la reddition nazie du 8 et 9 mai 1945, et déjà confronté aux prémices de la guerre froide avec l’URSS de Staline, bien décidée à ne céder aucun des territoires conquis par l’armée rouge à l’est de l’Europe.

La question fatale

Il serait aussi le chef de la seule puissance nucléaire mondiale, depuis l’explosion réussie de la première bombe atomique, baptisée «Gadget» le 16 juillet 1945 sur la base aérienne d’Alamagordo, dans le désert du Nouveau-Mexique. Il devrait enfin, seul, répondre à une question: vitrifier Hiroshima et Nagasaki va-t-il conduire le Japon impérial à déposer les armes, pour en finir avec la guerre du Pacifique?

La réponse à cette question est évidemment impossible. Lorsque Truman décide d’utiliser l’arme nucléaire, dix jours se sont écoulés depuis son ultimatum du 26 juillet à Postdam. Deux époques, deux ultimatums. On sait aussi que les frappes sur l’Iran ont démontré que Trump n’est pas, comme l’accusent certains éditorialistes, un TACO (Trump always chicken out – Trump est toujours une poule mouillée). Il l’avait également démontré le 3 janvier 2020, lorsqu’il avait donné l’ordre de faire tuer par un drone le Général Iranien Soleimani près de l’aéroport de Bagdad, en Irak.

Hiroshima, l’horreur

Alors, Hiroshima, cette ville ravagée et radioactive que découvrira en septembre 1945, un mois plus tard, le médecin suisse du CICR Marcel Junod, honoré par un monument dans le parc pour la paix de la ville? On ne peut, pour répondre, que citer Harry Truman, dans la déclaration publiée après l’explosion du 6 août dont personne ne peut sur le moment mesurer l’importance des ravages que l’on suppose colossaux: «C’est pour épargner au peuple japonais une destruction totale que l’ultimatum du 26 juillet a été lancé à Potsdam. 

Ses dirigeants ont immédiatement rejeté cet ultimatum. S’ils n’acceptent pas nos conditions maintenant, ils peuvent s’attendre à une pluie de ruines venue du ciel, comme le monde n’en a jamais vu. Cette attaque aérienne sera suivie par des forces navales et terrestres d’une ampleur et d’une puissance sans précédent, dotées d’une capacité de combat dont ils connaissent déjà bien les capacités.»

Avec cette différence qui donna naissance à la dissuasion: les Etats-Unis de 1945, contrairement au pays de Donald Trump, n’avaient à craindre aucune riposte nucléaire.

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