Le Kremlin a annoncé mardi que la Russie ne s'impose plus «aucune restriction» pour le déploiement d'armes à portée intermédiaire, au lendemain de la levée de son moratoire sur la question, accusant Washington d'attiser la course aux armements.
Ces armements concernent une catégorie de missiles pouvant emporter des charges nucléaires ou conventionnelles, lancés depuis le sol et d'une portée allant de 500 à 5500 kilomètres, c'est-à-dire capable d'atteindre l'Europe.
Il n'y aura pas d'annonces
«Il n'y a plus aucune restriction à cet égard en Russie (...), par conséquent, la Russie se considère en droit, si nécessaire, de prendre les mesures appropriées», a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors d'un briefing auquel participe l'AFP.
Il a toutefois prévenu qu'il «ne faut pas s'attendre à des annonces» en cas de déploiement de tels missiles par Moscou, car il s'agit «d'un domaine assez sensible et confidentiel». La veille, le ministère russe des Affaires étrangères avait annoncé que la Russie levait son moratoire sur le déploiement d'armes à portée intermédiaire, accusant les Etats-Unis de préparer des déploiements d'armements qui menacent sa sécurité.
Les Etats-Unis s'étaient retirés en 2019 du Traité sur les forces nucléaires de portée intermédiaire (INF), un texte qui limitait la production et le déploiement de ces armements, accusant Moscou de l'avoir violé. La Russie avait alors assuré qu'elle continuerait d'observer un moratoire sur la production et le déploiement de tels engins si les Américains n'en déployaient pas à une distance qui leur permettrait d'atteindre le territoire russe.
«Une menace directe»
Or, Moscou a accusé lundi Washington d'avoir lancé «la production en série» de tels engins et de préparer leur déploiement en Europe et en Asie. Un système capable de porter des missiles de portée intermédiaire a ainsi été transféré au Danemark en 2023, aux Philippines en avril 2024 et en Australie en 2025, selon Moscou.
«La situation évolue vers le déploiement effectif de missiles balistiques à portée intermédiaire de fabrication américaine en Europe et dans la région Asie-Pacifique», a poursuivi le ministère russe.
«Les mesures prises (...) constituent une menace directe pour la sécurité de notre pays à un niveau stratégique», a-t-il indiqué, ajoutant que «la Russie ne se considère plus liée par les restrictions qu'elle s'est imposée d'elle-même».
Commentant cette annonce, l'ex-président russe Dmitri Medvedev a assuré sur X qu'elle est «le résultat de la politique anti-russe menée par les pays de l'Otan». Plusieurs traités conclus pendant la Guerre froide entre Washington et Moscou et destinés à limiter la course aux armes nucléaires et à apaiser les tensions, ont pris fin ces dernières années.