Le conseiller fédéral Beat Jans s'est laissé aller à quelques confidences jeudi dernier. Le ministre de la Justice était l'invité de l'émission «Donnschtig-Jass» de la SRF et s'est confié au public. Une révélation a particulièrement retenu l'attention des téléspectateurs: l'existence d'un groupe WhatsApp du Conseil fédéral.
Lorsque l'animateur Rainer Maria Salzgeber lui a demandé si le Conseil fédéral disposait d'un groupe WhatsApp pour les questions urgentes, Beat Jans l'a confirmé à deux reprises. Pourtant, le service de messagerie américain est strictement interdit au sein de l'administration fédérale. Le Conseil fédéral se moque-t-il donc de la sécurité des données?
La Confédération utilise une application suisse
Selon Beat Jans, seules les informations les plus importantes sont partagées entre ées sept Sage au sein de ce groupe. Les messages concernent notamment l'horaire des séances ou les sujets qui y seront traités. «Seules les questions les plus urgentes sont abordées», confirme le conseiller fédéral. Des vœux d'anniversaire y sont néanmoins également échangés occasionnellement.
Discuter des urgences du gouvernement national par WhatsApp? Les cheveux des défenseurs de la protection des données se dressent aussitôt sur la tête. «L'utilisation de WhatsApp est problématique», critique par exemple l'avocat des médias Martin Steiger. Bien que les données transmises par l'application soient considérées comme cryptées de manière sûre, il est impossible d'exclure que le groupe Meta puisse les lire.
La Confédération le sait bien. Elle a choisi de miser exclusivement sur le service de messagerie suisse Threema. Et ce, uniquement dans une variante spéciale pour les entreprises avec des mesures de sécurité supplémentaires. La sécurité des données doit ainsi être garantie.
Un nouveau «Signalgate»?
La déclaration de Beat Jans suscite toutefois des interrogations: La Suisse risque-t-elle de vivre une situation similaire au «Signalgate» qui a ébranlé Washington? Au printemps dernier, de hauts représentants du gouvernement américain, parmi lesquels on retrouve J. D. Vance et Marco Rubio, avaient coordonné une attaque contre les rebelles houthis via la messagerie privée Signal. Un faux-pas mis en lumière pour un journaliste ajouté par erreur dans le groupe.
Interrogé par Blick, le Département de justice et police (DFJP) de Beat Jans a affirmé qu'il s'agissait d'un malentendu. Lorsque l'animateur a utilisé le terme «WhatsApp», le conseiller fédéral socialiste n'a pas voulu corriger le terme erroné. «Il n'y a pas de groupe du Conseil fédéral sur WhatsApp», précise le DFJP. Pour les communications urgentes ou confidentielles dans un groupe de discussion, on utilise Threema.
Le ministre de la Justice Jans devrait justement être un peu plus précis avec les termes numériques: il se fait actuellement le défenseur de l'E-ID. Là aussi, les opposants mettent en garde contre les risques potentiels pour la protection des données.