Il n'avait guère commenté jusqu’ici l’arrivée au pouvoir du président américain Donald Trump. Et il n’en avait pas vraiment besoin. En tant que PDG d'UBS, Sergio Ermotti est moins exposé au marteau douanier que d’autres grands groupes exportateurs suisses. Pourtant, en août, des rumeurs ont circulé selon lesquelles le banquier devrait bientôt négocier directement avec le président américain.
Sergio Ermotti s’exprime désormais sur les droits de douane punitifs visant la Suisse. Il met en garde contre le risque d’un isolement en réaction à ces mesures. Le «Liberation Day» décrété par Trump et les taxes qui en découlent inquiètent la grande banque, a-t-il déclaré vendredi lors d’une manifestation d’Economiesuisse, l’association économique faîtière. «Nous devons nous préparer à des temps difficiles.» Selon lui, de nombreux clients de l’établissement sont directement concernés.
«Ce n'est pas une bonne nouvelle»
«Si les droits de douane passent de 39 à 15%, ce ne sont pas encore de bonnes nouvelles», a poursuivi Sergio Ermotti. La situation serait seulement moins défavorable. Mais «je suis persuadé que le Conseil fédéral trouvera une solution. Nous ne devons pas répondre par l’isolationnisme.»
Même tonalité du côté du président d’Economiesuisse «Les droits de douane élevés sont une charge massive pour notre économie», note Christoph Mäder. Pour lui, la priorité est de rester unis en tant qu’économie nationale. «Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons surmonter cette période d’incertitude.»
Un Sergio Ermotti combatif
Au-delà des taxes américaines, Sergio Ermotti a aussi évoqué le ratio de fonds propres plus strict exigé par le Conseil fédéral pour UBS. «Dans la Berne fédérale, tout le monde n’est pas contre nous», a-t-il déclaré. Il estime que la volonté d’écouter existe. «Je pense que nous trouverons une solution. Malheureusement, nous n’y sommes pas encore.»
Il a par ailleurs insisté sur l’importance de la Suisse pour UBS. «Notre suissitude nous aide à réussir, et nous voulons tout faire pour continuer en tant que banque suisse active au niveau mondial.» Pour lui, une réduction de la taille de la banque n’est pas une option stratégique.
Christoph Mäder, lui aussi, met en garde contre le risque d’une régulation excessive. «Si nous affaiblissons la place financière avec une surréglementation, nous affaiblissons toute l’économie.» Le ministre Guy Parmelin devait également participer à l’événement, mais il a annulé au dernier moment en raison d’un déplacement aux Etats-Unis. «Il a fixé les bonnes priorités», a commenté Christoph Mäder.