Elle appartient à un entrepreneur valaisan
Dans cette station de ski romande, l'abonnement ne coûte absolument rien

Alors que le ski devient un luxe dans tout le pays, une petite entreprise valaisanne nage à contre-courant. Là-bas, une carte journalière coûte… zéro franc! Derrière ce projet fou de gratuité se cache un homme qui a fait fortune depuis longtemps.
1/6
Le petit domaine skiable de Télégiettes en Valais bénéficie de belles conditions.
Photo: telegiettes.ch
Nathalie_Benn_Praktikantin Wirtschaft _Blick_2-Bearbeitet.jpg
Nathalie Benn

«La devise 'tout le monde fait du ski' n'existera plus en Suisse.» C'est le pronostic formulé par l’expert en tourisme Jürg Stettler pour Blick en octobre 2024. L'une des raisons? Tout le monde ne peut plus se permettre de skier. Les prix des forfaits continuent d'augmenter en Suisse depuis des années. 

Le petit domaine de Télégiettes, au-dessus de Monthey en Valais, se distingue d’autant plus! L'accès aux pistes y est totalement gratuit, chaque jour d’ouverture. Entre 1300 et 1800 mètres d’altitude, les amateurs disposent de huit kilomètres de pistes, ainsi que de sentiers de raquettes et d’une piste de ski de fond. 

Télégiettes attire ainsi l'attention des médias internationaux: le «Zeit» décrit son propriétaire, Alain Bosco, comme un «Robin des Bois du téléski». Et le magazine du «Süddeutsche Zeitung» a élu Télégiettes «station de ski la moins chère du monde» en début d'année.

Une équipe de deux personnes

Alain Bosco, Valaisan d'origine, a lui-même appris à skier dans les années 1970 sur l'un des deux téléskis à assiettes. Il y a 20 ans, il a racheté la station en faillite et l'a rééquipée, raconte-t-il à Blick. Depuis, il gère le site avec son ami David Monod. «Nous faisons presque tout nous-mêmes», dit-il. Pendant la saison, deux à quatre bénévoles du village voisin de Monthey viennent prêter main forte.

Comme les deux partenaires assurent seuls la gestion, Télégiettes n'ouvre que deux week-ends par mois, de décembre à avril. Ce vendredi, Alain Bosco veut lancer les préparatifs pour la saison: sécuriser les pistes, dégager la neige, vérifier les dispositifs anti-avalanches et remettre les remontées en état.

Pour le ski reste accessible

Depuis sa reprise, l'activité n’a jamais généré de bénéfices. «Je fais cela parce que je tiens vraiment à ce que le ski reste accessible», assure le Valaisan. Et il ajoute, en plaisantant à moitié: «Le ski est désormais plus cher que le golf!» Il investit volontiers du temps dans le projet. «Mais avec deux week-ends sur quatre mois, cela reste limité.»

Un domaine qui ne couvre pas ses frais depuis plus de vingt ans suppose une certaine marge financière. Mais Alain Bosco l'a: en 2009, il a notamment vendu la start-up qu’il avait fondée à un entrepreneur hôtelier suédois. Aujourd’hui, cet Italo-Valaisan est actif dans l'immobilier. En Sardaigne, où il passe chaque année plusieurs mois , il loue des villas. Il possède aussi plusieurs maisons en Suisse.

Plus d'un demi-million de francs déjà investis

L'exploitation du domaine coûte plus de 60'000 francs par an. Alain Bosco en finance la moitié de sa poche. A long terme, cela représente plus de 500'000 francs investis dans son projet de cœur. L'autre moitié du budget provient de dons et de contributions communales.

A une époque où le ski est considéré comme un sport de luxe et où les tarifs varient selon la demande, Télégiettes fait figure d'exception. Aucune autre station en Suisse n’offre un accès totalement gratuit. 

Mais les grandes stations constatent elles aussi que les offres gratuites attirent: dans l'Aletsch Arena, le programme «Schgi fer frii» permet aux moins de 16 ans de skier gratuitement chaque samedi. Dans la région de la Jungfrau, jusqu’à trois enfants d’une même famille peuvent skier sans payer le samedi si un adulte achète un billet pour une journée ou pour une après-midi. Mais la gratuité totale, seul Alain Bosco la propose.

Articles les plus lus