Il a fait chaud, très chaud à Lausanne. Ce dimanche soir dès 22h, des scènes de violences urbaines ont émaillé le quartier de Prélaz. Plusieurs dizaines de jeunes – dont certains ont le visage masqué – ont placé bon nombre de conteneurs poubelle au milieu de la route, avant de les incendier. Un bus des transports publics lausannois (TL) a été complètement saccagé et tagué de ces mots: «La police tue RIP». Des agents de police en tenue antiémeute ont tenté de contenir ces émeutes. Blick a suivi les événements sur place.
Lausanne s'embrase contre la police
La raison de cette explosion de rage? Dans la nuit de samedi à dimanche, un adolescent est décédé à Lausanne alors qu’il tentait d’échapper à la police après avoir perdu le contrôle de son scooter. La tension est montée graduellement, non loin de l'avenue William-de-Charrière-de-Sévery où il a tragiquement trouvé la mort – et où des personnes sont venues déposer des fleurs plus tôt dans la journée.
Dans le chaos, vers 23h, un jeune cagoulé montre la police et nous lance: «Ils l’ont tué, et en plus, ils ont menti». A ses côtés, plusieurs autres nous indiquent s'être donnés rendez-vous pour manifester leur colère.
Contactée dans la soirée, la police de la capitale vaudoise a confirmé qu’«il y a eu des manifestations». Les forces de l’ordre ont d'abord précisé qu’aucune revendication n’avait été formulée, disant ne pas être en mesure d’expliquer les raisons exactes de ces débordements. «C'est à cause de la mort de notre pote», ont confirmé plusieurs jeunes encagoulés à Blick.
L'Etat de Vaud communique dans l'urgence
Plus tard, l'Etat de Vaud a réagi par un communiqué de presse intitulé «Manifestations et émeutes en ville de Lausanne». Il y est écrit que dès 21h30, «une centaine de jeunes, cagoulés, se sont rassemblés dans le quartier de Prélaz, principalement sur l’avenue de Morges». Les autorités admettent que ces jeunes ont déclenché cette colère «probablement après avoir pris connaissance du décès du jeune mineur au guidon d’un scooter».
Le communiqué s'inquiète que «ces individus» aient «fait usage d’engins pyrotechniques de type mortier en direction des policiers engagés». Les polices cantonale et municipale – avec l'appui de polices communales – indiquent avoir «engagé plusieurs groupes de maintien de l’ordre afin de rétablir la situation». Vers 23h30, les opérations de police étaient toujours en cours, en présence de pompiers professionnels pour éteindre les différents foyers.
Selon plusieurs témoins, la police a fait usage de spray au poivre et de balles en caoutchouc pour disperser les émeutiers. Une information confirmée ce lundi matin par la police, qui indique avoir tiré seize balles en caoutchouc et trois grenades lacrymogènes pour contenir «l'agressivité des émeutiers».
A minuit, retour au calme relatif
C'est autour de minuit que la tension à Prélaz est redescendue d'un cran. A l'intersection entre l'Avenue Recordon et l'Avenue de Morges, se trouvait encore une poignée d'agents armés de boucliers et de bâtons tonfa. Une fourgonnette, deux voitures de police, un camion et une voiture de pompiers barrent l'accès, notamment au chemin de Renens.
Au mégaphone, vers 23h30, la police a émis son «dernier avertissement»: toute personne encore sur place pouvait être arrêtée. La foule de plus d'une centaine de personnes – mêlant jeunes et habitants du quartier – s’est repliée plus bas dans la rue. De quoi faire remonter les tensions. De nouvelles poubelles ont été incendiées et plusieurs tags inscrits. Et la police a procédé à plusieurs tirs de balles en caoutchouc, faisant courir le monde vers le bas de la rue.
Un fait marquant: une cinquantaine de jeunes ont pris en chasse un homme, aux cris de «C’est un facho!» Celui-ci a, semble-t-il, réussi à s’enfuir rapidement. Peu à peu, les incendies ont été maîtrisés et le calme est revenu. Ne restaient alors que quelques petits groupes de jeunes dispersés et des policiers stationnés au milieu de la route, toujours bloquée à cause du bus incendié.
Dans le quartier de Prélaz, les débris de verre et les containers retournés ont jonché le sol jusque tard dans la nuit. Peu après minuit, les forces de l'ordre ont semblé jouer la carte de l'apaisement, quitte à fermer les yeux sur quelques délits. En témoigne ce jeune homme, passé sans casque et à scooter sous nos yeux et ceux des agents mobilisés à l'avenue de Morges... sans être inquiété.
Le lendemain, jour du bilan
Les forces de l'ordre ont été engagées dans le quartier de Prélaz entre 21h30 et 1h du matin «en particulier sur l’avenue de Morges». Plus d'une soixantaine de policiers et de gendarmes équipés pour les émeutes ont été mobilisés. «La police et les autorités lausannoises lancent un appel au calme et invitent les jeunes à respecter la tranquillité et l’ordre public», indique le communiqué.
«Ils ont bouté le feu à ces barricades improvisées ainsi qu’à plusieurs poubelles et containers, décrit la police. Les premières patrouilles arrivées sur les lieux ont subi des jets de projectiles et des tirs d’engins pyrotechniques.» En plus des poubelles, les émeutiers semblent avoir tenté d'incendier le bus TL vandalisé.
La police n’a pas constaté de blessés, aussi bien du côté des manifestants que dans ses rangs. «Les TL vont déposer une plainte pénale pour dommages à la propriété», précise le texte. Les enquêteurs de la police judiciaire de Lausanne mènent l'enquête afin «d’identifier les auteurs d’infractions et les dénoncer aux autorités compétentes». Le Ministère public vaudois et le Tribunal des mineurs ont été avisés.
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