Feux d'artifice au stade de la Tuilière
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Match LS-FC Sion:Feux d'artifice au stade de la Tuilière

«Bande d'abrutis!»
Des élus lausannois s'insurgent après une nouvelle salve de feux d'artifice à la Tuilière

Le dimanche 9 novembre, lors du match opposant le Lausanne-Sport au FC Sion, des feux d'artifice ont éclaté dans le stade de la Tuilière, alarmant le public et contraignant les joueurs à se mettre à l'abri. Deux élus vaudois s'insurgent.
Publié: 19:28 heures
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Dernière mise à jour: il y a 23 minutes
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DImanche 9 novembre, des ultras valaisans ont tiré des feux d'artifice lors du match contre le Lausanne-Sport, à la Tuilière.
Photo: KEYSTONE
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Ellen De MeesterJournaliste Blick

Tout avait pourtant si bien commencé. Le 9 novembre, une rangée de bus irréprochable était garée aux côtés du stade de la Tuilière, à Lausanne, après avoir sagement déposé les supporters valaisans à bon port. Pas de cortège, ni de ville bloquée, au grand soulagement des riverains. Ce derby romand de Super League devait également se solder par un score de 2-2 un brin décevant. 

Or, le match n'aura pas manqué d'émotion, puisque d'importants feux d'artifices ont été lancés à la lisière de la pelouse, filant tout près de certains joueurs et causant plusieurs dégâts mineurs. D'après l'ATS, des supporters sédunois cagoulés se sont positionnés en bordure de grillage, avant d'assurer un show inattendu après une heure de jeu. Les joueurs ont immédiatement été contraints de se mettre à l'abri, tandis que le public, composé de nombreuses familles, a retenu son souffle. La situation s'était pourtant calmée, ces derniers mois, et l'arrivée paisible des ultras en transport publics avait laissé poindre l'espoir d'une accalmie durable. 

L'élu socialiste lausannois Louis Dana, abonné du Lausanne-Sport, raconte: «Les fusées n'ont pas été projetées directement sur le public, mais des éléments incandescents ont atterri sur la pelouse et près des tribunes. Cela a duré plusieurs minutes, c'était très bruyant, alors qu'il y avait beaucoup d'enfants sur place. Ce n'est pas le genre de spectacle qu'on voulait voir!» 

Ilias Panchard, conseiller communal Vert à Lausanne, était également présent: «Le public qui m’entourait était unanime, abonde-t-il. Une immense majorité de gens déplore que cela ralentit le match et que les déflagrations sont passées tout près des joueurs. On a toujours peur que quelqu’un soit blessé.»

«Bande d'abrutis!»

Le président de l'association Sortir du nucléaire Suisse romande s'est d'ailleurs insurgé sur Instagram: «Mais quelle bande d'abrutis, écrit-il sur le réseau social. La ligue ne fait rien (à quand une défaite 3-0 en cas d'utilisation d'engins pyrotechniques interdits ?), le club et la police laissent entrer n'importe quoi dans le stade sans contrôler (car ça arrange tout le monde).»

Frustré, le Vert regrette que «tout le monde se renvoie la balle», tandis que personne ne prend réellement le problème à bras-le-corps. «Voilà plusieurs années que j’interviens sur ce sujet, les saisons sportives se suivent et se ressemblent dans la gestion des ultras, autant au niveau des cortèges que du matériel qui pénètre dans le stade», déplore-t-il. 

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Louis Dana prévoit, avec l'accord de son groupe, d'adresser une question orale au municipal en charge de la Sécurité, Pierre-Antoine Hildbrand, afin de mieux comprendre ce qui a pu faire défaut au niveau des fouilles. «Vu le nombre de fusées tirées, on dirait qu'on peut entrer dans ce stade comme dans un moulin, alors que les fumigènes et les fusées sont interdites par la Ligue suisse du Fooball», pointe-t-il, saluant tout de même l'excellente organisation au niveau du transport des supporters. 

Même constat du côté d'Ilias Panchard. «Toutefois, aucune solution concrète n’a été trouvée en ce qui concerne les violences et les comportements à l’intérieur du stade», déplore le Vert. 

«On entre comme dans un moulin»

Pour rappel, l'action de la ville et des forces de l'ordre s'arrête en-dehors du stade, cédant la responsabilité de l'intérieur du bâtiment au club lui-même. D'après le règlement de l'Association cantonale vaudoise de football, l'accès au terrain avec des feux d'artifice est interdit, et les clubs sont tenus de faire respecter cette règle de manière préventive, par des contrôles à l’entrée du stade, des affiches ou des messages par le speaker. «Si des incidents liés aux engins pyrotechniques devaient, néanmoins, avoir lieu, les clubs sont tenus de faire cesser immédiatement ces agissements, cas échéant, exclure du stade, les personnes fautives», peut-on lire. 

Selon Ilias Panchard, les contrôles réalisés à la Tuilière n'étaient pas suffisants: «Quand on se rend à un match de coupe d’Europe, on est contrôlé de près, les bouteilles d’eau doivent être jetées… Et là, des personnes ont pu s’introduire dans le stade avec des fusées. La contradiction est frappante. Pour moi, la responsabilité est partagée entre le club et la Ville: s’il n’arrive pas à gérer la situation, le club doit demander l’aide de la Municipalité. Et si cette dernière constate un problème dans une infrastructure qui lui appartient, elle doit y mettre un terme, en aidant les clubs à réaliser davantage de contrôles.»

Reconnaissant que le problème ne concerne pas tous les matchs, le Vert reproche à l’Exécutif une forme de nonchalance: «Personne ne semble réellement se saisir du problème. On glisse le sujet sous le tapis en espérant que la bosse ne soit pas trop proéminente», regrette l'écologiste. 

Le concept de «good hosting»

Que s'est-il passé alors, pour qu'une série de derbies paisible soit interrompue par le retour des feux d'artifice? «Hier soir, les supporters valaisans ont cherché à produire un coup d’éclat et, hélas, y sont parvenus, résume Vincent Steinmann, vice-président du FC Lausanne-Sport. Malgré l’absence de cortège et une arrivée bien organisée en bus depuis Sion, certains ultras ont créé des mouvements et provoqué des déprédations à leur entrée du stade, ce qui leur a permis d'y pénétrer avec ce matériel. Nous allons déposer des plaintes et lancer des enquêtes avec la collaboration de la police, du FC Sion et du FC Lausanne-Sport. A nous de devenir meilleurs dans la prévention de ces cas.»

Mais comment cela a-t-il pu arriver? Pourquoi davantage de fouilles ne sont-elles pas réalisées, ainsi que le revendiquent les deux élus lausannois?

Vincent Steinmann rappelle, en réponse, le concept de «good hosting» (ou «bon accueil») de la Swiss Football League, qui exige des contrôles de sécurité aléatoires, fluides et peu intrusifs: «Qu’on le veuille ou non, le concept du 'good hosting', exige que les supporters des deux équipes soient accueillis de manière fluide sans créer de grandes files d’attente et qu'on procède à des fouilles aléatoires, précise-t-il. Une sécurité est assurée pour l'arrivée des supporters, avec des positionnements de la police à l’extérieur du stade. Des fouilles sont effectuées, mais, en raison de ce principe, on ne peut fouiller l’entièreté de la foule, et les zones génitales ne peuvent être palpées par des organes de sécurité privés comme le nôtre.»

Quelles solutions, à l'avenir?

Pour notre intervenant, le règlement comporte donc une limite qui rend la résolution du problème très complexe: «On n’a pas le choix que d’entretenir un dialogue permanent avec nos supporters: les lois et le règlement ne nous permettent pas d’être plus intransigeants, on doit compter sur la compréhension des fans. Et, dans la majorité des cas, cela porte ses fruits: les événements d’hier sont un axe isolé dans une longue série de matchs qui s’est passée sans souci. Je souligne aussi que, depuis l’ouverture de la Tuilière, les supporters valaisans n’avaient jamais posé problème.»

En réponse aux critiques de certains politiciens, Vincent Steinmann tient à se défendre. «Je suis toujours surpris de voir des élus s’étonner de ce type d’événement, puisque ce sont eux qui établissent une grande partie des lois et règlements. Les politiques qui surfent sur ce buzz et ces images devraient y réfléchir.»

Et maintenant? Comment éviter que ce type d'incident ne provoque des blessés et des dégâts plus importants? Ilias Panchard propose d'appliquer une défaite d'office, à 3-0 par exemple, si les supporters ne respectent pas les règlements. «Sinon, à chaque derby, les concours d’insultes et de feux d’artifices continuent d’aller bon train!» De son côté, Louis Dana prévoit de déposer un postulat à la Municipalité, si les réponses reçues oralement ne sont pas satisfaisantes. Affaire à suivre. 

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