Lionel Dugerdil battu
Voici les principales raisons de l'échec de l'UDC genevoise

Le Centre n’aura pas joué le jeu de l’Alliance de droite, coûtant des voix à l'UDC. Pragmatique, Lionel Dugerdil n'a pas voulu directement blâmer ce parti, mais il a acté le fait que désormais, à Genève, «il y a la gauche, le centre, et la droite.»
Publié: 14:46 heures
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Dernière mise à jour: 15:06 heures
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Lionel Dugerdil (à dr.) serre la main du vainqueur Nicolas Walder.
Photo: KEYSTONE

Le soutien très visible du Parti libéral-radical (PLR) et des milieux économiques, entrepreneuriaux et paysans n’aura pas suffi: le candidat de l'Union démocratique du centre (UDC) Lionel Dugerdil a été battu ce 19 octobre, avec 4558 voix d’avance, par le Vert Nicolas Walder, à l’élection complémentaire au Conseil d’Etat genevois.

Pourtant, nombre de supporters du candidat de droite s’attendaient, au pire, à un résultat très serré. Mais l’écart de voix en faveur du Vert, soutenu par le Parti socialiste (PS), montrent que même les 1574 bulletins blancs, s’ils étaient allés à l’UDC, n’auraient pu inverser la tendance.

Très faible participation

Le faible taux de participation, resté figé à 30,8% du samedi au dimanche, atteste d’une mobilisation qui s’est surtout concentrée à gauche et à droite, mais laissant le bloc central relativement en retrait et plus indifférent qu’espéré par l’UDC. Une configuration qui n’a pas joué en faveur de Lionel Dugerdil. Interviewé par Blick suite aux résultats, le candidat malheureux s’est dit déçu par le faible taux de participation, qui selon lui a de quoi surprendre quand les programmes sont aussi opposés et que deux visions de la société aussi antagonistes s’affrontent.

Mais c’est surtout la déception face à des électeurs du Centre restés en retrait qui a occupé les conversations. De nombreux UDC comptaient sur ce réservoir de voix de droite et tablaient sur le fait que Nicolas Walder n’avait pas su leur parler durant la campagne.

«Les électeurs du Centre ne se sont pas mobilisés», nous ont lâché, la mine déconfite, des adhérents déçus, vers 12h50 ce dimanche, devant le QG de l’UDC au 1er étage de l’Hôtel de Ville. Les électeurs centristes se sont en effet montrés dispersés. Ils n’avaient pas reçu de consigne officielle de vote de leur parti, et tandis que certains ont voté Walder, les députés de ce parti au Grand Conseil avaient appelé à voter Dugerdil. 

Un vote trop extrême?

Trop extrême pour Le Centre? Nombre d'interlocuteurs rencontrés en Vieille Ville ce dimanche le pensent. La campagne de la gauche sur le thème de l'UDC, parti «d'extrême-droite», pourrait bien avoir eu un écho auprès des modérés et des centristes. Sans compter les frasques du candidat Dugerdil, dont l'affaire d'agression à coup de fourche d'un promeneur en 2020, qui n'ont pas manqué de défrayer la chronique

Peu avant les résultats, le centriste Luc Barthassat pressentait l’issue. Il nous confiait que selon lui, «la population genevoise a une importante composante centriste, et n’est pas encore prête à aller se balader dans les extrêmes», mais que dans les années qui viennent, «elle devra bien choisir son camp». 

Lionel Dugerdil, quant à lui, n’a pas voulu blâmer trop frontalement le Centre, ce dimanche. «Ils ont joué un rôle de Centre, tout comme les VertsLibéraux», a-t-il constaté avec résignation, laissant entendre que désormais, l’UDC sait qu’elle ne peut compter sur ce parti et «qu’il y a une droite, un centre et une gauche à Genève». 

Une Alliance de façade?

L’Alliance de droite se sera donc limitée au soutien à l'UDC par le PLR et le Mouvement citoyen genevois (MCG) pour ce second tour. Pourtant, l’Alliance de droite (PLR, Centre, UDC et MCG) avait fonctionné à plein en 2023, faisant élire au Conseil d’Etat Nathalie Fontanet (PLR), Anne Hiltpold (PLR) et Delphine Bachmann (Le Centre). 

La même année au niveau fédéral, l’Alliance avait aidé à faire gagner le MCG Mauro Poggia contre la Verte Lisa Mazzone. Reste que cette année, la veille de ce second tour genevois, l'Alliance peinait à faire illusion: la contradiction entre PLR et UDC a été visible au niveau fédéral, quand le PLR a affirmé son soutien ferme aux Bilatérales III, contre lesquelles l'UDC mène au même moment campagne. Si au plan cantonal, l'Alliance a voulu mettre de côté les enjeux nationaux, certains électeurs ne s'y sont peut-être pas trompés.

D’autres pro-Dugerdil rencontrés près du stamm de l’UDC ce 19 octobre nous ont confié après les résultats qu’ils en voulaient au troisième candidat, Philippe Oberson (Le Peuple d’Abord), d’avoir accaparé 5278 précieuses voix. «Certains électeurs n’ont rien suivi de cette campagne et, voyant sur leur bulletin un parti qui s’appelle Le Peuple d’Abord, ont voté sur cette seule appellation», déplorait l’un d’eux. Mais au final, s’agissant de la défaite de Lionel Dugerdil, sans faire trop de bruit, tous les regards étaient pointés, ce dimanche, vers Le Centre.

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