Un baisse XXL se prépare
Votre prime maladie va augmenter... sauf si vous fuyez dans ce canton

Alors que la hausse des primes maladie fait suffoquer les Suisses, le canton de Zoug, lui, ne sait que faire de son argent. Au point de réduire les primes de manière spectaculaire. Or, cette situation ne fait pas que des ravis.
Publié: 06:28 heures
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Dernière mise à jour: 07:34 heures
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Durant les deux ans à venir, le canton de Zoug va prendre en charge la quasi-totalité des frais de traitement stationnaire.
Photo: Keystone
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Nathalie Benn et Sophie Reinhardt

Mardi 23 septembre, la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider informera les Suisses de l’évolution des primes maladie pour l’année à venir. Pour la plupart des assurés, les nouvelles risquent d'être tout sauf réjouissantes: les comparateurs prévoient une hausse moyenne de 4 à 5%.

Le Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) table toutefois sur une progression plus contenue et avance un chiffre de 2,7%, rapporte le «Tages-Anzeiger». Si les chocs tarifaires des deux dernières années devraient être évités, les primes devraient tout de même augmenter partout dans le pays.

A une exception près: durant les années 2026 et 2027, le canton de Zoug prendra en charge presque l’intégralité des frais hospitalies de ses habitants. Révélée dans la presse à la fin juin 2024, cette proposition de l'exécutif cantonal, a été approuvée début 2025 par le Grand Conseil zougois. Les autres frais de santé (médecin, médicaments, soins à domiciles, etc.) ne sont pas concernés.

Une baisse record

Cette décision constitue un cas unique dans la pays. En l'état, la loi suisse impose aux Cantons de couvrir au minimum 55% des frais liés aux séjours hospitaliers, et la plupart d'entre eux se content de respecter ce seuil légal.

Mais Zoug, entend aller beaucoup plus loin en relevant sa part à 99%. Seul 1% des coûts restera à la charge des caisses-maladie, raisons administratives obligent. Selon le KOF, les dépenses de santé des quelque 133'000 habitants du canton devraient ainsi reculer de 15,25% un record.

Zoug ne sait pas quoi faire de ses millions

A Zoug, «l’argent doit sortir du temple», a déclaré il y a trois ans Heinz Tännler, ministre cantonal des Finances, et membre de l'Union démocratique du centre (UDC), en référence aux énormes excédents du canton. Pour l'édile, la prise en charge des frais de santé constitue une excellente manière d'utiliser l'argent en trop. Coût estimé de l'opération: près de 220 millions de francs. En 2024, le Canton a encaissé 310 millions de francs de recettes fiscales supplémentaires.

La ville de Zoug, de son côté, a dégagé un bénéfice de 144 millions. Pour dépenser ces surplus, l'exécutif communal entend non seulement faire profiter sa population d'une réduction de primes, mais il compte également débourser 50 millions de francs pour acquérir une villa de 5500 mètres carrés afin d'agrandir une piscine publique attenante.

La spectaculaire réduction des primes à Zoug se répercute d'ailleurs directement sur la hausse moyenne des primes dans toute la Suisse. Certes, l'effet est limité, puisque seuls 1,5% des habitants du pays vivent dans le canton. Il n'en reste pas moins suffisant pour faire baisser la moyenne nationale de 0,2 à 0,3 point de pourcentage, selon les prévisions de la KOF.

Des opérations avancées?

Cette décision unique en son genre ne fait toutefois pas l'unanimité. La conseillère nationale verte zougoise Manuela Weichelt figure parmi les sceptiques: «L’incitation que crée Zoug est contre-productive!», confie-t-elle à Blick. Elle rappelle que la Confédération et le peuple ont tranché pour un renforcement de la médecine ambulatoire et des soins à domicile, un objectif que cette mesure ne soutient en rien.

Même son de cloche du côté de Carina Brüngger. Députée du Parti libéral-radical au Grand conseil, elle est également directrice de la section zougoise de Spitex, l'association suisse d'aide et de soins à domicile: «Sur le plan de la politique de santé, c’est le mauvais signal», estime-t-elle.

Selon elle, ce projet relève avant tout d’une logique financière visant à soulager à court terme le portefeuille des habitants. «Je m'attends à ce qu'on cherche à effectuer plus rapidement un nombre particulièrement élevé d'interventions chirurgicales initialement planifiées pour plus tard, même lorsqu'elles ne sont peut-être pas urgentes.» 

Elle se dit aussi inquiète du fait que les Zougois doivent s'acquitter d'une participation lorsqu’ils recourent à Spitex pour des soins à domicile: «On préfère alors rester à l’hôpital, où ces frais ne s’appliquent pas», souligne-t-elle.

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