En raison de frais trop élevés
De plus en plus de commerçants bannissent Twint de leurs magasins

Twint n'a jamais été aussi populaire: en 2024, 5 millions de personnes en Suisse ont payé un achat avec l'application. Mais les petits commerçants se plaignent que les frais Twint grignotent leurs marges à vitesse grand V. L'entreprise se défend contre ces reproches.
Publié: 19:08 heures
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Une propriétaire de café de Lausanne tourne le dos à Twint en raison de frais trop élevés.
Photo: Keystone
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Nathalie Benn

Une gérante de café lausannoise est furieuse. La raison de sa colère? Une perte de revenus de plusieurs milliers de francs, et ce, chaque année. «Avec le manque à gagner de l'année 2024, on aurait pu acheter trois nouveaux frigos», se plaint-elle auprès de «24 heures».

En cause: Twint, prestataire de paiement que toute la Suisse connaît désormais. Selon la propriétaire, ses clients paient parfois un croissant pour deux francs avec l'application. Cela devient un vrai problème pour elle, car les frais liés aux paiements sans espèces sont très élevés. «Avec toutes les charges et commissions, on n’a presque plus aucune marge sur les petites transactions, dit-elle. Payer avec Twint est l’option la plus coûteuse pour nous.»

La commerçante a donc fini par trancher, rapporte «24 heures»: Twint est à présent interdit dans son établissement.

Les petits commerçants reprochent à Twint des frais abusifs

De nombreux commerçants estiment que les frais prélevés sont abusifs, en particulier pour Twint. L'entreprise facture directement ses frais – à la différence des fournisseurs de cartes. Une sorte de solution complète, «à des conditions plus simples et sans aucune intégration technique dans un système», comme on peut le lire sur le site web de Twint. Les frais s'élèvent par défaut à 1,3%. S'y ajoute dans certains cas un montant minimum pouvant aller jusqu'à 30 centimes par transaction.

Les petits commerçants critiquent aussi un système injuste: les grandes enseignes, grâce à leur poids de négociation, obtiendraient de meilleures conditions, leur permettant de payer moins cher.

L'association Swiss Retail Federation a donc pris les choses en main en juillet 2025 et a dénoncé Twint à la Commission de la concurrence (Comco). Celle-ci doit vérifier si l'entreprise abuse de son pouvoir sur le marché et si elle conclut des accords illicites en matière de concurrence qui violent le droit suisse des cartels.

«La réaction des commerçants de Suisse romande montre seulement que notre dénonciation auprès de la Comco était importante et juste», déclare à ce sujet la directrice de la fédération Swiss Retail, Dagmar Jenni, interrogée par Blick. Ses mots pour les propriétaires de magasins sont élogieux: «La démarche est courageuse», dit Dagmar Jenni. «Mais c'est aussi un signe de désespoir. Ils doivent désormais s'attendre à ce que la clientèle réagisse de manière peu aimable ou même qu'elle interrompe ses achats pour cette raison.»

Twint se défend

Twint réplique vivement et dit être lassé du débat public autour de ses tarifs. «Dire que Twint serait généralement plus cher que d'autres moyens de paiement est tout simplement faux dans les faits», déclare le porte-parole de Twint, Ettore Trento, à Blick. «Si vous comparez vous-même les prix, vous constaterez rapidement que les conditions de Twint sont très compétitives.»

«Pour les contrats de paiement direct, Twint déclare les frais de manière transparente – ils s'élèvent à 1,3% – et constitue l'une des solutions les plus avantageuses pour les commerçants», poursuit Ettore Trento. Lorsqu'un commerçant accepte des paiements via un prestataire de services de paiement tiers, ce n'est pas Twint mais le prestataire de services de paiement concerné qui fixe les prix, ajoute-t-il.

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