«C'est un combat permanent!»
Ce soi-disant remède pour maigrir cache de sombres effets secondaires

L'intérêt pour les injections amaigrissantes comme Wegovy ou Ozempic ne faiblit pas. Pourtant, leurs effets secondaires peuvent être graves. Quatre personnes familières de ces injections nous racontent leur expérience.
Publié: 03.06.2025 à 09:00 heures
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Dernière mise à jour: 03.06.2025 à 09:16 heures
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Les effets secondaires des injections amaigrissantes peuvent être graves, mais ça ne les empêche d'intéresser du monde.
Photo: Getty Images
Vera Bueller
Vera Bueller

A 19 ans, Pietro doit s'engager dans l'armée mais avec ses 57 kilos, les médecins le jugent trop léger et il est reformé. Ironie du sort: aujourd'hui Pietro a le problème inverse. A l'âge de 73 ans, il pèse désormais 90 kilos et son indice corporel est supérieur à 40. 

Son rendez-vous avec une endocrinologue à l'hôpital tessinois de Mendrisio est son dernier espoir. Il a déjà tout essayé: arrêter les glucides, les protéines, et manger deux fois moins. Même le jeûne intermittent ne l'a pas aidé. A présent, il veut essayer ce fameux remède amaigrissant dont tout le monde parle.

En face de lui, le médecin veut savoir quand sa prise de poids a commencé et quand il a arrêté de fumer. Elle essaie ensuite de déterminer son comportement alimentaire au fil des années: s'il y a eu des déclencheurs émotionnels ou liés au stress qui l'ont poussé à trop manger, s'il mange trop vite et de manière irrégulière. Quelle attention porte-t-il aux aliments et comment décrirait-il ses crises de boulimie?

Pietro souhaite rester anonyme et semble désemparé: il n'a jamais de fringale. Il ne mange pas de croissants au petit-déjeuner et ne grignote pas de chips devant la télévision. A vrai dire, il mange «sainement et équilibré, mais en trop grande quantité». En d'autres termes: il n'est jamais rassasié.

Piéger le cerveau

C'est là qu'interviennent les fameuses piqûres amaigrissantes, plus connues sous les noms de Wegovy ou Ozempic. En effet, selon les recherches actuelles, la clé de la perte de poids se trouve dans le cerveau. Ces piqûres agissent directement sur son système de récompense et doivent l'aider à simuler une production d'hormones qui réduisent l'appétit, ralentissent la digestion et génèrent une sensation de satiété plus durable. Mais ces remèdes ont des effets secondaires, notamment des troubles gastro-intestinaux comme une perte d'appétit, des vomissements, une diarrhée ou une constipation.

Pietro n'en est pas encore là. D'ici son prochain rendez-vous dans trois semaines, le médecin lui demande de faire une photo de tous ses repas. Un peu déçu, il lui demande s'il pourrait obtenir une ordonnance pour le fameux remède miracle. Ce à quoi son médecin lui répond que oui, elle pourrait la lui prescrire même s'il n'est pas diabétique, car son IMC est beaucoup trop élevé.

Elle ajoute qu'avant de lui faire cette ordonnance, elle doit enregistrer ses antécédents et ses examens médicaux, ainsi que ses valeurs sanguines, déposer une demande auprès de sa caisse d'assurance maladie, et enfin développer un programme d'alimentation, d'activité physique et de musculation. Obtenir une injection est donc loin d'être facile, n'en déplaise à ceux qui prennent ces injections un peu trop à la légère.

Des résultats tout sauf positifs

Les précautions autour de ces injections sont essentielles pour se préparer à ses effets secondaires. Adele en sait quelque chose: elle s'est injectée ce produit dans le pli du ventre pendant six mois et pour elle, les résultats ont été tout sauf positifs. «Plus jamais», nous confie la jeune femme de 32 ans. Au début, tout s'est bien passé, mais avec le temps, elle a commencé à ressentir des troubles psychiques, puis physiques.

«J'avais très peu d'appétit mais ma tête voulait continuer de manger. Ensuite, je vomissais presque après chaque repas. Et quand j'ai augmenté la dose comme recommandé, j'ai eu la diarrhée.» Il est vrai que pendant ces six mois, elle a perdu 7 kilos. «J'ai aussi été complimentée sur ma bonne mine, mais je ne voulais pas vivre avec de tels effets secondaires.» En octobre 2024, elle a brusquement arrêté les injections et l'effet yo-yo ne s'est pas fait attendre.

«Un accompagnement psychothérapeutique est indispensable», estime Leonie, à partir de sa propre expérience avec ces injections. «Car c'est assez flagrant de voir à quel point la digestion est ralentie par la piqûre.» Selon elle, le corps signale que «le ventre est plein, mais la tête réagit émotionnellement». Et si l'on cède à l'envie d'un morceau de gâteau, on se sent obligé de vomir.

«L'injection n'est pas un remède miracle»

Depuis octobre, Léonie s'injecte ce médicament et au début, elle a dû lutter contre la diarrhée et la constipation. Aujourd'hui, elle souffre encore d'éructations, de ballonnements et de légères nausées deux jours après son injection hebdomadaire. Elle a perdu 15 kilos et n'en pèse plus que 92. Elle n'a pas encore atteint la dose maximale de l'injection et ses kilos continuent de fondre.

«L'injection seule n'est pas un remède miracle, elle doit être utilisée en complément d'une alimentation équilibrée et au sport», souligne-t-elle. Léonie a modifié son comportement alimentaire et le suit grâce à une application. «Mais je ne veux pas faire ça toute ma vie.» Bien qu'elle soit censée continuer ses injections jusqu'à la fin de sa vie, la jeune femme de 36 ans envisage d'arrêter son traitement dans environ un an.

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Beaucoup de gens pensent qu'il suffit de s'injecter ce truc tout en restant assis à manger des pizzas et boire du vin pour que les kilos s'envolent. Ce n'est pas vrai.
Roberto, qui a perdu 30 kilos en 6 mois
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Roberto non plus ne veut pas être tributaire des injections toute sa vie. Son histoire ressemble à celle de Pietro: maigre dans sa jeunesse, Roberto a profité de la vie, s'est marié et a tout de suite pris du poids: «Ma femme cuisine tout simplement trop bien. Au bout d'un moment, je ne pouvais plus marcher correctement à cause de mon poids, mes genoux me faisaient mal à chaque pas, je respirais difficilement en montant les escaliers», se souvient-il.

Avant son traitement, cet homme de 51 ans pesait 130 kilos et grâce aux injections, il en a perdu 30 en seulement six mois. Mais depuis septembre, il stagne à 100 kilos. Roberto semble avoir atteint son «plateau» et à ce stade, les piqûres sont moins efficaces contre la résistance du corps. En effet, lors d'une perte de poids aussi importante, le corps met tout en œuvre pour retrouver son état antérieur. L'appétit revient très fort et la dépense énergétique baisse. Le médicament, si efficace auparavant, parvient tout juste à compenser cette réaction du corps.

«C'est un combat permanent au quotidien»

Malgré son plateau, Roberto veut perdre encore 15 kilos. Pourtant, son rapport à la nourriture a déjà radicalement changé: «Je ne mange que très peu: des salades, beaucoup de protéines, pas de pâtes, et je ne bois pas d'alcool. Beaucoup de gens pensent qu'il suffit de s'injecter ce truc tout en restant assis à manger des pizzas et boire du vin pour que les kilos s'envolent. Ce n'est pas vrai».

Même si ce soi-disant produit miracle supprime la sensation biologique de faim, il ne peut rien contre le désir psychologique ou émotionnel de manger. «C'est un combat permanent et quotidien contre ce qui se passe dans la tête.» S'il lui arrive de faire des écarts par pur plaisir, Roberto ressent une sensation de creux dans l'estomac et de la nausée. Mais il n'a jamais eu d'effets secondaires vraiment graves, ce qui lui donne de l'espoir.

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