Certains de nos conseillers fédéraux sont très actifs sur Instagram. Mais cet élément a probablement échappé à la plupart des citoyens, car ils n'ont pas beaucoup de followers. Afin de découvrir comment les sept conseillers fédéraux se mettent en scène dans le monde virtuel, Marlon Giglinger, expert allemand des réseaux sociaux, a examiné de plus près leur présence sur Instagram pour Blick.
Sa conclusion? Une grosse déception. Créativité, personnalité ou proximité avec la population: tous ces éléments manquent, selon le fondateur de l'agence Netzschreier.
Les conseillers fédéraux mal notés
Malgré quelques points forts, l'expert attribue globalement de mauvaises notes aux comptes Instagram des conseillers fédéraux. C'est surtout la faible portée des profils qui le surprend le plus. «Parfois, il n'y a même pas dix commentaires sous les posts.»
Durant toute sa carrière, Marlon Giglinger affirme n'avoir presque jamais vu un tel écart entre l'importance politique d'une personne et sa portée sur les réseaux. «C'est assez fou. Car une forte présence sur les réseaux sociaux serait précieuse pour les membres de ce gouvernement.» Actuellement, des millions de jeunes sont sur TikTok et Instagram, et dans quelques années, ils auront le droit de vote. «Si l'on n'est pas présent sur ces plateformes, on passe à côté d'un énorme groupe cible.»
Marlon Giglinger recommande aux membres du gouvernement de s'inspirer d'Emmanuel Macron. Selon lui, le président français est le leader absolu de la branche. Il se montre à la fois proche du peuple tout en incarnant une figure d'homme d'Etat, ses posts ont une identité visuelle claire et il répond fréquemment aux questions des utilisateurs.
La vue d'ensemble
Mais alors, qui parmi les conseillers fédéraux parvient à se démarquer de ses collègues? Qui utilise Instagram de façon stratégique? Voici un aperçu.
1ère place
Personne n'a plus de followers sur Instagram que le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis. Le libéral-radical (PLR) a 22'900 followers, se hissant à la tête du classement des conseillers fédéraux. Le Tessinois accumule plusieurs points positifs: «Ignazio Cassis adopte régulièrement un langage visuel. Et surtout, il permet à ses followers d'apercevoir les coulisses de sa vie professionnelle», juge l'expert.
2e place
Le ministre des Médias de l'Union démocratique du centre (UDC), Albert Rösti, a un peu moins de followers, avec 17'600 personnes. «Il me rappelle cet oncle qui partage plein de photos de sa vie», explique l'expert. De tous les conseillers fédéraux, Albert Rösti est celui qui se montre le plus proche de la population sur Instagram, étant «moins lisse» que Cassis. Il pourrait même prendre la place d'ignazio Cassis, selon l'expert allemand.
3e place
Le ministre de la Justice socialiste (PS) Beat Jans a accumulé 10'500 followers. Sa présence sur Instagram est relativement homogène, tant dans la forme que dans le contenu. Il explique souvent les nouveautés de son département. Il sait parfois se montrer proche de la population, comme lorsqu'il parle de sa visite à l'entraînement du FC Bâle. Le compte semble toutefois manquer un peu d'imagination dans l'ensemble et d'interaction avec la communauté.
4e place
En termes de followers, Guy Parmelin occupe la troisième place, avec 11'900 personnes. Mais «il n'est pas très actif sur les réseaux sociaux, et ses posts sont ennuyeux.» D'ailleurs, le conseiller fédéral UDC ne suit que 18 profils, ce qui montre qu'il n'est pas très intéressé par l'échange sur les réseaux. «Il se donne des airs d'homme d'Etat, mais ne publie rien pendant des semaines. Je pars du principe qu'il sait l'effet que son compte produit et que c'est ce qu'il souhaite.» Mais Guy Parmelin rate l'occasion d'informer les jeunes sur la politique, comme il pourrait le faire avec le développement de la politique économique.
5e place
Le compte d'Elisabeth Baume-Schneider a également peu de potentiel, selon l'expert. «Des vidéos de moutons au nez noir? On voit bien qu'elle n'utilise pas ce média dans sa vie privée», juge l'expert. Bien que la socialiste ait posté une vidéo sympathique du championnat d'Europe féminin en maillot, elle ne semble pas très à l'aise à l'idée de partager des thématiques liées à son département.
6e place
Deux conseillers fédéraux ne sont pas présents sur Instagram: il s'agit de la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter (PLR) et de Martin Pfister (Le Centre). Entré en fonction en avril, le centriste doit encore évaluer dans quelle mesure et sur quelles plateformes il souhaite communiquer à l’avenir. En revanche, l'ouverture d'un compte de Karin Keller-Sutter sur Instagram n'est pas prévue pour des raisons de ressources, indique son secrétariat général.