L'Association des sociétés militaires suisses (ASM) se dit «choquée» par le Conseil fédéral. La faîtière, qui regroupe plus de 40 associations militaires, ne mâche pas ses mots. Elle reproche au gouvernement de rester «plongé dans un profond sommeil sécuritaire» malgré la guerre en Ukraine, et l’accuse d’ébranler la confiance placée dans l’armée de milice.
Aux origines de cette colère, deux décisions prises en août dernier sous la Coupole. D’une part, le Conseil fédéral a refusé que les soldats puissent à nouveau conserver des munitions à domicile en plus de leur arme personnelle. En cause: un risque de suicides et d’homicides jugé trop élevé. D’autre part, l’exécutif a décidé de soutenir une initiative de la gauche verte visant à récupérer dans certains cas les armes de service remises aux soldats à la fin de leur obligation militaire.
Munitions et armes à domicile au coeur du litige
Même à gauche, la position du Conseil fédéral a surpris. L'initiative prévoit que les armes de service soient restituées par leur détenteur après la fin du service obligatoire, à condition qu'ils ne les aient pas utilisées dans un cadre sportif depuis plus de dix ans.
Cette initiative s’appuie sur une étude du Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes intitulée «Homicides commis avec des armes à feu dans la sphère domestique». Selon cette enquête, les armes le plus souvent impliquées sont des pistolets ainsi que d’anciennes armes militaires.
Une décision «irresponsable»
De quoi irriter le président l'ASM, Stefan Holenstein, qui se dit «atterré par le manque de vision du Conseil fédéral». Certes, l'exécutif souligne régulièrement la gravité de la situation sécuritaire, mais il sape en même temps «des mesures relativement simples», déplore-t-il dans un communiqué. Stefan Holenstein rappelle en outre que la détention d’armes de service à domicile est déjà strictement encadrée: elle requiert notamment un permis d’acquisition délivré par le canton.
L'ASM juge tout aussi «irresponsable» et «incompréhensible» la décision du Conseil fédéral de maintenir l’interdiction pour les soldats de conserver des munitions à domicile. Les capacités de défense de l’armée suisse s'en retrouve «inutilement affaiblies», estime la faîtière, qui rappelle le contexte sécuritaire n'a eu de cesse de se dégrader ces dernières années.