La pression monte à Berne
Une alliance politique demande le retour des munitions militaires à la maison

En raison de la situation sécuritaire tendue, une alliance bourgeoise et militaire demande que les soldats aient à nouveau des munitions à la maison. Le Conseil fédéral, quant à lui, n'en voit pas la nécessité.
Publié: 24.08.2025 à 16:41 heures
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Depuis 2007, les militaires n'ont plus le droit de stocker les munitions de poche à leur domicile.
Photo: GAETAN BALLY
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Daniel Ballmer

Le Conseil fédéral en a-t-il trop fait? Depuis le début de la guerre en Ukraine, le Conseil fédéral met en garde contre la situation sécuritaire tendue. Pourtant, le gouvernement estime qu'il n'est pas justifié de redonner des munitions aux soldats suisses quand ils rentrent chez eux.

C'est pourtant ce que demande une alliance bourgeoise au Parlement. Afin que les soldats suisse soient rapidement prêts en cas de mobilisation soudaine, ils devraient pouvoir ramener chez eux, en plus de leur arme personnelle, les munitions dites de poche.

Depuis 2007, les militaires n'ont plus le droit de stocker les munitions de poche chez eux. Le Conseil fédéral et le Parlement avaient pris cette décision suite à la multiplication des homicides et des suicides commis avec des armes militaires.

L'évolution internationale inquiète

Mais aujourd'hui, les milieux bourgeois ont cette interdiction en ligne de mire. Au Parlement, l'Union démocratique du centre (UDC) avait déposé des interventions en ce sens – et a reçu le soutient du Parti libéral-radical (PLR) et du Centre. «L'évolution de l'Europe et le réarmement de nos voisins exigent que la Suisse agisse elle aussi et rende son armée à nouveau apte à se défendre», a justifié le conseiller national UDC Walter Gartmann.

Le Conseil fédéral et l'armée considèrent que le risque d'une attaque aérienne est réaliste. Le service de renseignement considère également que le risque terroriste reste élevé. «Mais aujourd'hui, l'armée n'est que partiellement en mesure de proposer des munitions de manière décentralisée», fait remarquer le conseiller aux Etats UDC Werner Salzmann.

«
Nous ne devons pas être désarmés au moment le plus stupide
Stefan Holenstein, président de l'Association des sociétés militaires suisses
»

Si tant est qu'il y ait suffisamment de munitions, équiper rapidement les soldats en cas d'urgence est un défi logistique. «Nous ne devons pas être désarmés au moment le plus stupide, c'est-à-dire au moment décisif», déclare Stefan Holenstein de l'Association des sociétés militaires suisses (ASM). «Pour une défense crédible, de telles mesures préventives sont nécessaires.»

Les troupes en service doivent suffire

Le Conseil fédéral avait déjà expliqué en 2007, lors de l'introduction de la munition de poche, que cette décision dépendait de la situation en matière de politique de sécurité, rappellent les partisans. Il s'agit donc maintenant de revenir sur la décision prise à l'époque. Le président de l'ASM n'a pas de doutes quant aux munitions stockées à la maison. «En tant que citoyen et soldat de milice, le Suisse est depuis toujours suffisamment responsable.»

Le gouvernement arrive à d'autres conclusions. En règle générale, des troupes réparties sur toute l'année sont en service et peuvent être directement engagées en cas d'événement. Si d'autres troupes étaient nécessaires, elles pourraient être convoquées et équipées par mobilisation.

C'est pour cette raison qu'une demande de réintroduction des munitions de poche a déjà été rejetée en 2022. Le Conseil fédéral veut uniquement veiller à ce que l'armée ait suffisamment de munitions en réserve. Pour le reste, rien n'a changé pour lui.

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