Dispute enflammée sur les armes
«La Suisse est donc le problème en Europe, c'est ça?»

Après la tuerie de Graz, l'Autriche débat de lois plus strictes sur les armes. Les politiciens d'extrême droite aiment se référer à la Suisse. Mais la comparaison n'est pas pertinente.
Publié: 26.07.2025 à 19:06 heures
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Des fleurs ont été déposées devant une école, après la tuerie de Graz en Autriche.
Photo: keystone-sda.ch
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Sven Altermatt

Une tuerie sanglante a secoué l'Autriche au mois de juin. Un jeune homme de 21 ans a abattu dix personnes dans une école à Graz, avant de se donner la mort. Vienne veut désormais durcir la législation sur les armes, notamment en relevant les limites d'âge et en imposant des contrôles plus stricts. De nouvelles lois devraient bientôt être présentées.

Si le débat houleux dure depuis des semaines maintenant, un argument fallacieux revient encore et encore: «Regardez la Suisse!» Les opposants à des règles plus strictes mettent particulièrement en avant notre pays.

Leur point de vue est simple: en Suisse, les soldats de milice ont leur arme de service à la maison et pourtant, le pays compte parmi les plus sûrs du monde. Selon eux, les durcissements des règles pourraient être interprétés comme un soupçon généralisé à l'encontre de citoyens intègres.

«Regardez en Suisse, Madame !»

Le parti de droite FPÖ s'est particulièrement exprimé de manière pointue. Lorsque la députée des Vert-e-s et ex-ministre de la Justice Alma Zadić a récemment mis en garde contre les dangers d'une politique trop libérale en matière d'armes, en faisant référence aux États-Unis, le député du FPÖ Volker Reifenberger s'est soudainement interposé: «Regardez en Suisse, Madame!»

Alma Zadić ne s'est pas laissé déstabiliser. «Là-bas, il y a chaque semaine ce que nous avons dû vivre à Graz», a-t-elle poursuivi en regardant vers l'Amérique. Là aussi, Volker Reifenberger a consigné une interjection pointue: «La Suisse est donc le problème en Europe, c'est ça?» La politicienne des Vert-e-s n'a pas répondu à cette question.

La députée du FPÖ Susanne Fürst a elle-aussi directement fait référence à la Suisse au Parlement. Le pays a «la plus forte densité légale d'armes à feu au monde. Chaque réserviste y a son fusil d'assaut à la maison.» Pour ensuite ajouter: «Pourtant, elle a un des taux les plus bas du monde en ce qui concerne les homicides et la criminalité violente avec utilisation d'armes à feu.»

Dans l'opinion publique autrichienne, les comparaisons avec la Suisse rencontrent un certain écho. Dans le journal «Kronen«, on pouvait lire: «La Suisse est l'un des pays les plus armés du monde», mais aussi «l'un des pays les plus sûrs du monde».

Un détail important laissé de côté

Mais les politiciens du FPÖ et le Kronen ont oublié de mentionner, consciemment ou non, la particularité du cas suisse. En Suisse, l'image du milicien armé est profondément enracinée, oui. Mais les soldats peuvent certes ramener leur fusil d'assaut chez eux, mais pas les munitions.

Depuis 2007, il est interdit de conserver chez soi les munitions dites de poche. La Confédération avait introduit ce durcissement après que les suicides avec des armes militaires se sont multipliés.

Le nombre de suicides avec des armes militaires a baissé de manière mesurable. De ce point de vue, la Suisse ne sert que partiellement de modèle pour un armement fort. Et de manière générale, on peut dire qu'en Suisse aussi, les règles en matière d'armes sont relativement libérales, mais pas sans limites.

Le débat enflamme aussi la Suisse

Toutefois, il y a aussi un débat dans notre pays: des politiciens bourgeois et des associations militaires demandent actuellement que les soldats puissent à nouveau stocker des munitions chez eux. Face à la situation sécuritaire tendue, il faut une armée rapidement mobilisable, ont-ils expliqué à Blick.

Les critiques mettent en revanche en garde contre un recul de la protection contre le suicide. Les armes et les munitions représentent un risque considérable à la maison. De leur côté, les politiciens de gauche demandent que les anciens soldats soient obligés de rendre leur arme personnelle s'ils ne l'ont pas utilisée pour le tir sportif depuis plus de dix ans.

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