Inutiles en cas de brouillard
Berne s'accroche à l'achat des drones israéliens, malgré les retards

La Suisse maintient l'achat de six drones ADS15 israéliens malgré les retards. Le ministre de la Défense, Martin Pfister, opte pour une réduction des fonctionnalités au lieu d'abandonner le projet.
Publié: 11:19 heures
|
Dernière mise à jour: 12:38 heures
Partager
Écouter
Le ministre de la Défense, Martin Pfister, opte pour une réduction des fonctionnalités des drones
Photo: keystone-sda.ch
sda-logo.jpeg
ATS Agence télégraphique suisse

Malgré les retards, la Suisse ne renoncera pas à l'achat des six drones de reconnaissance ADS15 israéliens. Le ministre de la défense Martin Pfister préfère se passer de certaines fonctionnalités que du projet dans son entier.

L'achat de six drones du fabricant Elbit a été décidé en 2015 par le Parlement. Depuis, le retard s'accumule, les ressources financières sont presque épuisées et certaines fonctions essentielles ne sont toujours pas opérationnelles, a reconnu Martin Pfister devant les médias.

Selon lui, l'achèvement du projet dans le cadre prévu est impossible. Il n'est toutefois pas question d'abandonner complètement le projet. Sans drones de reconnaissance, des lacunes dans les capacités de reconnaissance persisteraient pour une durée indéterminée.

Par ailleurs, il n’est pas certain que la Suisse puisse obtenir d’Elbit le remboursement total ou partiel des investissements réalisés à ce jour (environ 240 millions de francs), a encore avancé le chef de l'armement Urs Loher. Le projet doit donc être réduit.

Capacités et disponibilité limitées

Le Département fédéral de la défense (DDPS) renonce à trois fonctionnalités initialement garanties par le fabricant. Les drones ne sont pas équipés du système d'évitement automatique, du système de dégivrage, ni du système de décollage et d'atterrissage indépendant du GPS.

Concrètement, les drones voleront accompagnés d'une escorte dans l'espace aérien non contrôlé. Et ce jusqu'à 3000 mètres d'altitude au-dessus du Plateau et jusqu'à 4000 mètres au-dessus des régions alpines. Ils pourront naviguer sans restriction dans l'espace aérien contrôlé. La nuit, les drones pourront être utilisés partout sans escorte.

En cas de givre, les drones resteront au sol. Les drones ne voleront pas non plus en cas de brouillard au sol. Celui-ci empêche la visibilité et donc le décollage ou l'atterrissage. Cela implique que les vols seront quasi impossibles en hiver, a expliqué Urs Loher. Une possibilité serait de transférer les drones vers le Tessin ou Payerne (VD) où les conditions météorologiques sont meilleures.

L'essentiel est garanti

Mais malgré ces contraintes, les drones ne perdront pas les capacités de reconnaissance et de surveillance de l'armée, a assuré Martin Pfister. Les capacités essentielles sont garanties.

Il s'agit notamment des vols de reconnaissance de longue durée. En cas de conflit, ils pourront fournir des renseignements sur les positions des troupes, les sites stratégiques ou les secteurs libres de troupes, soutenant ainsi les opérations militaires, complète le DDPS.

Les drones peuvent également être utilisés au quotidien, notamment à des fins de formation, pour surveiller les sites de l’armée et pour soutenir les autorités civiles en cas de catastrophe.

Mise en service sous condition

Pour Martin Pfister, «il est judicieux de réduire la complexité du projet pour augmenter ses chances de réussite». Toutefois l'homologation n'est pas encore assurée.

A ce jour, le fabricant Elbit n’a pas pu démontrer que tous les drones ADS 15 livrés à la Suisse ont été fabriqués conformément à la conception (design) validée. Par conséquent, la documentation nécessaire à l’obtention d’une autorisation d’exploitation sans restriction fait toujours défaut.

La Military Aviation Authority (MAA) a donc imposé des conditions aux opérations aériennes. L'utilisation d’un parachute de secours est obligatoire, une altitude minimale doit être respectée, les points d’atterrissage d’urgence doivent être accessibles, et il convient d’éviter de survoler de manière prolongée les zones très densément peuplées. Si ces conditions sont respectées, l’exploitation des drones peut se faire en toute sécurité.

Il est probable que, sur les six drones, au maximum quatre ne puissent pas fournir les preuves nécessaires à leur homologation complète et restent durablement soumis à certaines conditions. Elbit envisage de remplacer un drone, ce qui offrirait la possibilité de disposer d’au moins trois drones exploitables sans condition.

Le fournisseur devra proposer des compensations pour le renoncement aux trois fonctionnalités, a précisé Urs Loher.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus