La Suisse en a discuté pendant des années: l'interdiction de se dissimuler le visage est désormais en vigueur depuis le début de l'année. Tous ceux qui se voilent le visage dans l'espace public devront payer 100 francs.
La grande vague d'amendes, attendue par certains, ne s'est toutefois pas produite depuis. Seules quelques villes et cantons ont sanctionné des infractions au cours des premiers mois de l'année. Déjà pendant la campagne de votation, le Conseil fédéral avait argumenté que la burqa n'était guère portée en Suisse et que cette interdiction ne concernerait principalement que les touristes de la région du Golfe.
Même après la fin de l'été touristique, toujours aucune amende à l'horizon – bien qu'Interlaken et autres soient très prisés par les touristes arabes qui fuient la chaleur de leur pays.
L'astuce du masque
Dans l'ensemble du canton de Berne, trois amendes ont été délivrées depuis le 1er janvier 2025, comme l'a indiqué la police cantonale sur demande. Une seule d'entre elles concernait la saison touristique dans la région très prisée de l'Oberland bernois – avec des destinations comme Interlaken ou encore Grindelwald. Dans les cantons des Grisons et du Valais, aucune infraction n'a encore été constatée.
Dans la ville de Zurich, quatre amendes ont été infligées jusqu'en avril. Le canton ne veut pas donner de chiffres plus actuels, car une intervention sur le sujet est actuellement en suspens au Parlement. Toutefois, ces chiffres un peu plus élevés ne sont probablement pas seulement dus au fait que les touristes retirent leur burqa ou évitent la Suisse comme destination de vacances. Dans de nombreux cas, les autorités ont tout simplement les mains liées.
En effet, de nombreuses touristes contournent cette interdiction en portant un masque d'hygiène avec un foulard – il est toujours permis de se couvrir le visage pour des raisons de santé. «Nous continuons d'observer que des masques d'hygiène sont utilisés pour contourner l'interdiction de se couvrir le visage», écrit la police cantonale bernoise sur demande. Il n'est pas toujours possible de déterminer avec certitude si les masques sont effectivement portés pour contourner l'interdiction. C'est pourquoi aucun délit ne peut être sanctionné.
Un député UDC veut du changement
Le conseiller national de l'Union démocratique du centre (UDC) Piero Marchesi s'inquiète de cette lacune juridique. Il a donc déposé une intervention afin de clarifier les mesures qui permettraient de combler cette lacune.
Mais il va devoir batailler, car le Conseil fédéral ne voit pas la nécessité d'agir. Tout d'abord, il n'a pas connaissance de l'utilisation de masques d'hygiène pour contourner l'interdiction. De plus, il ne juge pas nécessaire d'édicter des directives ou des clarifications sur l'utilisation des masques. Un monitoring national n'est pas non plus utile. «Les cantons sont en mesure de mettre en œuvre l'interdiction et de sanctionner les éventuels abus», peut-on lire dans sa réponse.