La libre circulation a fait ses preuves
Les immigrés de l'UE travaillent plus que les Suisses

La libre circulation dans l'Union européenne a fait ses preuves, estime la Confédération. Dans un rapport, le Secrétariat d'Etat à l'économie met en lumière les avantages et les inconvénients. Blick en tire cinq conclusions-clé.
Publié: 02.07.2025 à 13:45 heures
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Dernière mise à jour: 02.07.2025 à 13:51 heures
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Les immigrés de l'UE viennent principalement en Suisse pour travailler.
Photo: keystone-sda.ch
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Ruedi Studer

La libre circulation des personnes dans l'Union européenne (UE) est en vigueur depuis 2002. Cette mesure a fait ses preuves durant ces dernières années, conclut le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) dans son dernier rapport. «Les gens viennent en Suisse pour travailler», a déclaré Jérôme Cosandey, chef de la Direction du travail, devant les médias à Berne.

Le rapport fournit des éléments de réponse dans le débat brûlant sur les traités européens. Blick en tire cinq conclusions intéressantes.

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Premiers immigrés, les voisins

Depuis l'instauration de la libre circulation des personnes, près d'un million de personnes en provenance de l'UE/AELE (Association européenne de libre-échange) ont immigré en Suisse. Cela représente en moyenne 43'400 personnes par année. L'immigration nette de l'UE a culminé en 2008, avec 72'000 arrivées. L'année dernière, le chiffre s'élevait à 54'000 personnes.

Depuis 2002, 70% de l'immigration en Suisse vient de l'Allemagne (29%), de la France et de l'Italie (14% respectivement) ainsi que du Portugal (12%). L'ensemble des pays d'Europe de l'Est ne représentent qu'un cinquième environ.

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Les immigrés de l'UE travaillent plus que les Suisses

L'immigration en Suisse dépend fortement du contexte économique. Si la machine économique tourne, le besoin en main-d'œuvre est plus important. La grande majorité des ressortissants de l'UE viennent en Suisse pour travailler.

En témoigne le taux d’activité élevé (86,8%) chez les immigrés de l’UE/AELE âgés de 15 à 64 ans. Chez les Suisses, ce taux est légèrement inférieur à 84,9 %. De plus, les ressortissants de l’UE occupent plus souvent que les Suisses des emplois à temps plein. 

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Pas un remplacement de la main d'œuvre locale

Une forte immigration en provenance de l’UE sur le marché du travail suisse ne signifie pas pour autant que la main-d’œuvre locale est évincée. Bien au contraire, la Suisse s’est distinguée ces dernières années par un taux d’activité en hausse, ainsi que par un taux de chômage relativement bas. Cette progression de la participation au marché du travail concerne plus particulièrement les femmes et les travailleurs âgés.

«L’immigration ne nuit pas à la participation à la vie active en Suisse», a commenté Roland A. Müller, directeur de l’Union patronale suisse, à la suite du rapport. «L’immigration vient compléter la main-d’œuvre locale. Elle ne la remplace pas.»

La migration en provenance de l’UE ne vise pas uniquement à répondre à la demande croissante de personnel hautement qualifié. Les entreprises suisses recrutent aussi des travailleurs européens pour des emplois moins qualifiés, notamment dans l’hôtellerie, la construction et l’industrie. Dans ces secteurs, il devient souvent difficile de pourvoir les postes vacants avec de la main-d’œuvre nationale.

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Les Suisses gagnent plus

De manière générale, à caractéristiques égales, les ressortissants de l'UE perçoivent en moyenne des salaires similaires à ceux des Suisses. En 2022, le salaire médian en Suisse s'élevait à 6788 francs par mois. Pour les Suisses, il était de 7164 francs, alors que pour les étrangers, il n'était que de 6089 francs. Parmi ces derniers, des différences notables apparaissent selon le statut de séjour: les personnes établies touchaient en moyenne 6280 francs, les frontaliers 6241 francs, alors que les résidents de courte durée ne gagnaient que 4992 francs.

Une partie de ces écarts s’explique par des facteurs tels que le type d’activité exercée ou le niveau de formation. Néanmoins, le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) relève un risque accru de sous-enchère salariale, notamment chez les frontaliers de certaines régions, comme le Tessin et l’Arc jurassien.

C’est pourquoi les mesures de protection salariale mises en place par le Conseil fédéral – destinées à préserver le niveau des salaires en Suisse – revêtent une importance particulière dans le cadre de l’accord avec l’Union européenne.

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L'AVS y gagne, l'AC y perd

Les personnes travaillant en Suisse versent des cotisations aux assurances sociales et bénéficient également de leurs prestations. La libre circulation des personnes a des impacts variés selon les différentes assurances sociales.

L’AVS, par exemple, en tire un bénéfice net. Les immigrés de l’UE contribuent proportionnellement beaucoup plus à l’AVS qu’ils n’en retirent: ils versent 27% des cotisations salariales, mais ne perçoivent que 15% des rentes.

En revanche, c'est l'inverse pour l’assurance-chômage (AC). Les immigrés versent également 27% des cotisations, tandis qu’ils représentent 33% des prestations versées. En 2023, le taux de chômage des ressortissants de l’UE s’élevait à 5,7%, contre seulement 3,1% pour les Suisses.

Le taux d’aide sociale des ressortissants de l’UE – 2,2% en 2023 – reste proche de celui des Suissesses, qui était de 1,8%. Le Seco en conclut que, globalement, la libre circulation ne génère pas de charge supplémentaire pour les assurances sociales.

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