Le tireur porte plainte
Il tue le directeur d'une agence immobilière qui lui devait 455'000 francs

L'année dernière, Thomas T. a tué le directeur d'une agence immobilière dans le canton de Thurgovie. Le tireur porte plainte aujourd'hui contre l'entreprise qui lui doit près d'un demi-million de francs.
Publié: 20.02.2024 à 15:59 heures
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Tirs mortels à Kreuzlingen (TG). Thomas T. aurait abattu sa victime - à l'endroit pixélisé.
Photo: Screenshot Leservideo
Fabienne Maag

En avril 2023, plusieurs coups de feu ont retenti dans un quartier résidentiel à Kreuzlingen dans le canton de Thurgovie. Thomas T.* a tiré sur Anton P.*, un homme de 52 ans. Ce dernier s'est effrondré en sang et est décédé peu de temps après à l'hôpital. Le tireur a été arrêté sur place et est depuis en détention provisoire en attendant son procès. Mais fait surprenant, Thomas T. ne comparait pas devant le tribunal de district de Kreuzlingen en tant que suspect, mais comme victime. 

Le tireur accuse l'agence immobilière dont Anton P. était le gérant jusqu'en décembre 2022, de lui devoir de l'argent. Comme le rapporte le «Thurgauer Zeitung», les deux hommes se sont disputés à cause d'une dette qui s'élève à 480'000 euros (455'600 francs suisses).

Une erreur sur un document

Thomas T. aurait investi 100'000 euros (95'000 francs) dans un projet de construction de l'entreprise. En juin 2021, la société immobilière a établi un décompte final indiquant que les fonds investis par le plaignant et la part de bénéfice qui lui revient – soit 480'000 euros – lui seraient dus. Mais selon l'entreprise, une erreur s'est glissée. La facture devait être intitulée «rapport intermédiaire» et non «décompte final» et était uniquement émise à des fins fiscales. L'entreprise affirme que cette boulette est due au comportement de Thomas T.. Il aurait fait pression trop fortement sur un employé au sujet des décomptes TVA. C'est à ce moment-là que la grave erreur a été commise.

Thomas T. a donc tenté d'obtenir l'argent par voie de poursuite, mais sans succès. C'est alors qu'il «a pété les plombs et a pris les armes», a déclaré l'avocat de l'entreprise. «Les voies juridiques étaient épuisées et il s'est probablement senti poussé à agir ainsi», poursuit-il. De son côté, Thomas T. aurait déclaré, lors de son interrogatoire quelques jours plus tôt, que l'escalade avait eu lieu en avril 2023 en raison d'un différend patrimonial.

L'agence immobilière doit prouver son erreur

Il reste encore à clarifier si l'entreprise est capable de payer la somme due. Outre son avenir incertain, on ne sait pas non plus si le projet de construction, qui concerne quelques appartements de location, a été achevé. Des défauts de construction auraient également été constatés, ce qui expliquerait la baisse du bénéfice. Anton P., tué en avril 2023, avait démissionné de son poste de directeur six mois avant l'homicide. Il n'était donc plus en fonction au moment des faits.

Ce qui est clair, c'est que l'entreprise est tenue de payer Thomas T.. Le juge a recommandé aux deux parties lors du procès de trouver un accord à l'amiable. Mais si cette voie n'aboutit pas, une procédure probatoire est prévue. L'agence immobilière devra alors prouver qu'il s'agissait vraiment d'une erreur et que le document n'était pas un rapport final, mais bien un rapport intermédiaire. 

* Noms modifiés

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