«Je suis incroyablement déçue»
Cette décision du National sur les féminicides suscite une vague d'indignation

Le Conseil national a rejeté le financement supplémentaire pour la lutte contre les violences faites aux femmes. Le Conseil des Etats a depuis annulé cette décision et la balle est à nouveau dans le camp de la Chambre du peuple.
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La présentatrice du dernier Eurovision Michelle Hunziker a exprimé son indignation après la décision choc du National.
Photo: Instagram
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Ruedi Studer, Tobias Bruggmann et Laszlo Schneider

La décision du Conseil national ce mardi de couper un million de francs pour la protection des femmes a fait un véritable tollé à gauche: «Je suis incroyablement déçue par ce Parlement. Nous parlons d'un budget de plus de 90 milliards de francs – il y aurait suffisamment d'argent disponible pour financer des mesures contre les violences faites aux femmes», a déclaré la conseillère nationale socialiste Tamara Funiciello à «Blue News».

Elle s'indigne d'autant plus que le National a débloqué en parallèle 3,6 millions de francs pour protéger les troupeaux de moutons et 10 millions pour promouvoir du vin. «Comment peut-on faire passer les moutons avant les femmes?»

«J'ai signé!»

En réaction, le Parti socialiste (PS) a déjà lancé une pétition sur son site Internet, qui a tout de suite cartonné. Parmi les plus de 256'000 signataires se trouve la présentatrice du dernier Eurovision Michelle Hunziker. La quadragénaire a réagi sur Instagram: «Il nous reste moins de 24 heures pour sauver la vie de femmes», a-t-elle écrit. Avant d'ajouter: «J’ai signé!» Cette mobilisation semble déjà porter ses fruits: le Conseil des Etats souhaite allouer plus de fonds à cette cause, et la balle est à nouveau dans le camp du Conseil national. 

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté contre cette décision mardi soir sur la Place fédérale. Le PS a lancé un appel auprès des conseillers aux Etats pour qu'ils s'opposent à cette décision. Des sénateurs du camp bourgeois ont depuis été submergés de courriels contenant tous le même objet. 

Andrea Caroni, conseiller aux Etats du Parti libéral-radical, affirme avoir reçu 1000 e-mails en seulement quelques heures. Il ne cache pas sa colère: «Cet afflux de courriels paralyse l'outil principal des parlementaires, le résultat est à peine différent de celui des pirates informatiques russes.» Pour lui, cette action est une «atteinte contre le fonctionnement de notre Parlement». L'élu poursuit: «Nous ne pouvons pas supprimer tous les e-mails, mais devons au moins lire l'objet et l'expéditeur de chacun d'entre eux. Autrement, nous risquons de supprimer aussi les mails dont nous avons besoin.»

Pour Andrea Caroni, les citoyens ont certes le droit de contacter le Conseil des Etats, mais il faut tout de même faire preuve de nuance: «Comme c'est littéralement le même message à chaque fois, les gens pourraient le compiler dans un seul document et le signer entre eux. Imaginez que tout le monde inonde ainsi le Parlement de ses doléances.»

La balle dans le camp du national

Le Conseil des Etats a finalement contredit la décision du National de réduire ces dépenses. Il a donc approuvé le million de francs alloué à ces mesures. En parallèle, il a aussi validé les 1,5 million de francs que le Conseil national avait ajoutés pour une campagne connexe. La balle est donc à nouveau dans le camp du Conseil national. Le ping-pong entre les deux chambres se poursuivra jusqu'à l'adoption du décision définitive.

La conseillère aux Etats socialiste Eva Herzog a déclaré de son côté que les femmes, comme les hommes, ne pouvaient être qu'indignés par le fait que ce million reste bloqué. L'enveloppe de base étant épuisée, cette augmentation est indispensable, a-t-elle assuré. A ce titre, la sénatrice a rappelé à l'assemblée les 27 féminicides déjà recensés en 2025. «Chaque cas est terrible.»

La sénatrice du Centre Andrea Gmür-Schönenberger n'a en revanche pas caché son agacement face à ce flot de courriels. «Il s'agit d'une action orchestrée par un seul parti.» Une pique indirectement à ses collègues socialistes. La conseillère fédérale Karin Keller-Sutter a pour sa part assuré qu’il n’y avait pas d’économies réalisées, mais que la décision prise consistait avant tout à ne pas augmenter davantage un financement déjà existant.

Violences contre les femmes: besoin d'aide?

Vous, ou l'une de vos proches, êtes victime de violences de la part d'un partenaire ou d'un proche? Voici les ressources auxquelles vous pouvez faire appel.

En cas de situation urgente ou dangereuse, ne jamais hésiter à contacter la police au 117 et/ou l'ambulance au 144.

Pour l'aide au victimes, plusieurs structures sont à votre disposition en Suisse romande, et au niveau national.

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