«J'ai été drogué!»
En onze minutes, il se fait voler 5000 francs dans un club à Zurich

Un homme affirme avoir été drogué dans un club zurichois et s'être fait voler 5000 francs. La victime, Mario T., témoigne pour alerter d'autres personnes sur les dangers du GHB et des vols par paiement sans contact.
Publié: 06:57 heures
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Blick a rencontré Mario T. pour une interview dans un parking public souterrain en Argovie. Il souhaite rester anonyme.
Photo: Ralph Donghi
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Ralph Donghi

Mario T.* est dévasté. Ce Luxembourgeois installé en Suisse voulait, une fois de plus, profiter d’une sortie à la Langstrasse, à Zurich. Mais dans un club, il affirme avoir été drogué aux «gouttes K.-O.» (GHB). Le lendemain, il découvre sur son compte bancaire des retraits pour un total de 5000 francs. 

Mario T. a accepté de témoigner anonymement auprès de Blick pour alerter d’autres personnes. La rencontre a lieu dans un parking souterrain en Argovie. Il ne se souvient de «l’incident», comme il l’appelle, que par bribes: «Quand je suis allé aux toilettes du club et que je me suis effondré.»

«Je ne suis soudainement évanoui»

Les faits remontent à la nuit du samedi 12 juillet 2025. Mario T. raconte être entré dans un club de la Langstrasse au petit matin. «J’y ai bu deux gin tonics», dit-il. 

Puis, selon lui, tout bascule: «Ils ont mis quelque chose dans mon troisième gin tonic!» Pris d’un malaise en se rendant aux toilettes, il s’effondre. «Je me suis soudainement évanoui, et je ne me suis réveillé que des heures plus tard devant le club.» Avec le recul, il regrette: «Quand je me suis senti mal, j’aurais dû appeler quelqu’un immédiatement.»

5000 francs disparus

Durant son black-out, Mario T. pense que quelqu’un a utilisé son Apple Watch: «On a appuyé deux fois sur le bouton latéral. Ma carte de crédit apparaît alors à l’écran. Ils ont dû approcher leur terminal de mon poignet et débiter un total de 5000 francs en un peu plus de onze minutes.»

Deux fois 1000 francs et une fois 3000 francs. Comme sa montre est automatiquement déverrouillée à son poignet, aucun code n’a été nécessaire. Sur un relevé qu’il montre à Blick, figurent bien ces transactions. «Heureusement, ma limite était de 5000 francs.»

Il apprend ensuite ce qu’il a prétendument payé «14 bouteilles de champagne». Selon lui, le propriétaire du club lui a refusé tout remboursement, affirmant que ces bouteilles avaient été offertes à des prostituées. L’homme lui aurait même envoyé une photo de son permis de conduire, «sans doute subtilisé brièvement, pour m’intimider».

Pas la seule victime

Mario T. jure ne se souvenir de rien, qu’il était seul dans le club et n’a aucun lien avec la prostitution. Il insiste: il ne consomme pas de drogue. Le propriétaire du club lui aurait écrit: «Tu peux faire des réclamations», ce qu’il a fait auprès de la police municipale de Zurich.

Quant à la présence de GHB, il a fait analyser sa salive et son sang, mais c'était trop tard. «Après 20 heures, il n’y a plus de traces», dit-il. Il le sait: l’affaire se jouera sans doute «parole contre parole». Et d'ajouter: «Je ne suis certainement pas la seule victime. Il ne faut jamais laisser son verre sans surveillance. Cela vaut aussi pour les hommes.»

Blick avait déjà rapporté un cas similaire à la Langstrasse. En juin 2024, Samuel P.* s’était vu débiter plus de 9000 francs dans une maison close.

Pas de prostitution?

Mario T. se sent désabusé. «La Langstrasse a toujours été pour moi un endroit où je me sentais bien.» Mais il assure qu’il n’ira plus jamais dans ce club. «J’ai toujours été prudent partout dans le monde, il ne s’est rien passé. A Zurich, je baisse la garde une fois, et 5000 francs s’envolent.»

Le club, par la voix d’un porte-parole qui s’exprime anonymement, rejette fermement toutes les accusations. Il confirme les déclarations du propriétaire: «Il n’est pas question d’administrer des gouttes K.-O. à nos clients.» Le porte-parole affirme que la liste des consommations est stricte.

Il souligne aussi que, si des femmes fréquentent le club, elles ne font pas de la prostitution. «Nous coopérons avec la police. Le bien-être de nos clients est notre priorité absolue», insiste-t-il. 

Procédure toujours en cours

Contactée par Blick, la police municipale de Zurich confirme qu’une enquête est ouverte. Son porte-parole Marc Surber précise qu’un service spécialisé est saisi du dossier et qu’il reviendra au ministère public de décider de la suite. «En raison de la procédure en cours, nous ne pouvons pas faire d’autres déclarations», conclut-il.

* Noms modifiés

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