Le nouveau directeur suisse d'Helvetia-Baloise se livre
«Les assurés doivent s'attendre à des primes plus élevées»

Avec la fusion des assurances Helvetia et la Baloise, c'est un mastodonte qui est dans les starting-blocks. Dans une interview, le nouveau chef pour la Suisse, Martin Jara, se livre sur les suppressions d'emplois, l'augmentation des primes et d'autres sujets.
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Martin Jara dirigera les affaires suisses de l'Helvetia Baloise à partir du 5 décembre.
Photo: DR
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Christian Kolbe

Vendredi 5 décembre, après la clôture de la Bourse, la fusion entre Helvetia et la Baloise sera juridiquement finalisée. Ce n’est qu’à partir de ce moment que la collaboration pourra réellement débuter, explique Martin Jara lors d'un entretien avec Blick, à Stettbach, non loin de Zurich, où Helvetia dispose d’un de ses sites les plus importants. 

Ce binational suisse et autrichien prendra la tête des activités suisses du nouveau géant de l’assurance. Il l'assure: collaborateurs et clients doivent s’attendre à plusieurs surprises.

Martin Jara, l'Helvetia et la Baloise sont encore des entreprises indépendantes, mais procédez-vous déjà à une sorte de coopération?
Nous préparons déjà beaucoup de tâches communes depuis quelques mois, mais les activités sont encore strictement séparées.

C'est-à-dire?
Nous restons des concurrents sur le marché. D’ici la fin de l’année, il faudra conclure de nouveaux contrats ou renouveler ceux qui arrivent à échéance. Les affaires courantes se poursuivent comme elles se sont poursuivies au cours des dernières années.

Quel sera le plus grand défi de cette fusion?
Nos quelque deux millions de clients dans toute la Suisse ne doivent, si possible, rien remarquer des changements internes. On souhaite que le remaniement se déroule sans contestation et que nous puissions créer une plus-value pour les clients grâce à des produits et des prestations complémentaires.

Le siège d'Helvetia est à Saint-Gall et celui de la Baloise à Bâle. A quel point sera-t-il difficile de fusionner les deux cultures?
Les deux assurances ont des cultures assez similaires, elles ont à peu près le même âge et elles sont bien enracinées dans toute la Suisse. Toutes deux misent fortement sur le service externe. C’est pourquoi l’emplacement du siège principal importe moins que la présence des agences et leur proximité avec les clients. Les doublons entre agences restent très limités. 

Helvetia Baloise a une sonorité assez difficile. L'un des deux noms va-t-il disparaître? Réfléchissez-vous à un nouveau nom?
Les deux marques sont solidement implantées sur le marché, avec une forte tradition et une identité bien ancrée. La nouvelle image de marque est en cours d’élaboration. Nous en présenterons les résultats d’ici le printemps prochain. 

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Nous ne pouvons pas encore nous prenoncer sur le nombre de licenciements
Martin Jara, directeur suisse d'Helvetia Baloise
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Et à l'étranger?
Dans la majorité de nos huit marchés étrangers, il y a soit une présence d'Helvetia, soit de la Baloise, mais pas des deux ensemble. Seule l’Allemagne constitue une zone de chevauchement. Il faudra observer comment la situation évolue. 

Voici un mot-clé important: chevauchement. Il y en a certainement au niveau du personnel. Combien de postes vont disparaître après la fusion?
Helvetia Baloise emploiera à l'avenir 22'000 personnes dans le monde, dont un tiers en Suisse. C'est dans notre pays qu'il y a le plus de chevauchements, surtout au sein des deux sièges principaux. Nous ne pouvons toutefois pas encore nous prononcer sur le nombre de licenciements. 

Cela n'a-t-il pas été calculé en amont?
Nous nous sommes fixés pour objectif d'atteindre une synergie de 350 millions de francs…

...en économisant le plus sur le personnel?
Il y a aussi des coûts matériels élevés qui peuvent être réduits. Par exemple au niveau des systèmes informatiques ou des sites. Mais il y aura certainement des suppressions de postes, mais pas dans le service extérieur. Cela concernera principalement les postes à double fonction en Suisse et en Allemagne. Les économies doivent toutefois être réalisées sur une période de trois ans. La réduction du personnel se fera, dans la mesure du possible, par le biais de fluctuations naturelles et de départs à la retraite. 

Martin Jara sur le toit de la succursale Helvetia à Zurich-Stettbach.
Photo: DR

Helvetia Baloise se considère aussi comme un acteur européen. Parce que l'on ne peut plus se développer sur le marché national?
Le marché suisse est très compétitif et saturé. Il est donc important qu'avec 1700 collaborateurs du service externe, nous puissions à l'avenir faire valoir notre avantage de taille en termes d'expertise et de proximité avec les clients. Grâce à notre présence dans d'autres pays, nous pouvons mieux diversifier les risques locaux et reprendre en Suisse des offres qui ont du succès à l'étranger.

Mais le marché suisse est dominé par quelques grands acteurs, et un nouveau géant arrive avec Helvetia Baloise, qui détient une part de marché d'environ 20%. Où est la concurrence?
Si vous voulez conclure une assurance en Suisse, la concurrence existe.

Mais pourquoi les primes augmentent-elles pour de nombreuses assurances de biens?
C'est lié à l'augmentation des coûts. Il y a plus de dommages dus aux intempéries, les coûts de réparation augmentent, le renchérissement a été supérieur à la moyenne ces dernières années. Tout cela entraîne en moyenne une hausse des coûts des sinistres. Les assurés doivent s'attendre à des primes plus élevées dans certains domaines.

Dans l'assurance automobile aussi?
Dans ce domaine en particulier, les coûts de réparation ont fortement augmenté, les pièces de rechange sont de plus en plus chères. Ces dernières années, le coût moyen des sinistres dans l'assurance automobile a augmenté de bien plus de 20%.

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Cette année, Blatten est certainement le plus gros sinistre en Suisse
Martin Jara, directeur suisse d'Helvetia Baloise
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Cela n'est pas uniquement lié au renchérissement?
Non, il y a par exemple des raisons techniques. La construction des voitures est aujourd'hui beaucoup plus complexe, ce qui rend les réparations et les pièces de rechange plus chères. Autrefois, un phare cassé était réparé avec un nouveau verre et une nouvelle ampoule. Aujourd'hui, tout est beaucoup plus compliqué et donc plus cher. 

Est-ce que cela vaut aussi pour les véhicules plus anciens? Les primes ont-elles aussi augmenté pour eux?
Les coûts de la main-d'œuvre sont les mêmes, mais nous faisons une distinction dans les tarifs selon qu'une voiture est moins chère ou plus chère à réparer.

Qu'en est-il des risques climatiques, l'éboulement de Blatten a-t-il été très coûteux pour les assurances?
Cette année, Blatten est certainement le plus gros sinistre en Suisse. En Suisse, il existe le pool des dommages naturels, qui est entretenu par le secteur des assurances. Il s'agit d'un système unique au monde. Cette solidarité est importante, car sinon, on risque de ne plus être assuré du tout dans certaines régions. 

Récemment, la Baloise a fait la une des journaux à cause d'un appartement dont le prix a soudainement augmenté de 1000 francs après un changement de locataire. Qu'en est-il de la responsabilité sociale des assureurs qui investissent également leur argent dans l'immobilier?
Je ne peux rien dire sur ce cas particulier de la Baloise, qui reste notre concurrent. Mais il faut rappeler que nous avons la responsabilité, pour nos assurés des deuxième et troisième piliers, de garantir un rendement adéquat pour leur prévoyance vieillesse. Dans ce cadre, nous avons bien sûr l’obligation de traiter nos locataires de manière équitable, conformément au droit du bail. 

Pour terminer, nous avons une question personnelle. Vous portez un grand nom. Votre père, Kurt Jara, a joué au football à Grasshopper et a entraîné le FC Saint-Gall et le FC Zurich. Avez-vous le football dans vos gènes?
C’est exact, mais seulement de façon passive. J’ai joué chez les juniors de GC comme arrière droit, mais je n’avais pas le niveau pour aller plus loin. En revanche, ma femme et moi avons un abonnement annuel pour les matches du FC Winterthour. Les parties disputées sur la Schützenwiese (Ndlr: le stade du FC Winthertour) ont un charme particulier.

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