La Suisse doit renforcer sa position d'Etat hôte, dans un contexte de crises. Le Conseil national a avalisé lundi par 114 voix contre 77 un plafond de dépenses de 122,6 millions de francs pour 2026-2029, principalement en faveur de la Genève internationale.
Le Conseil fédéral a adopté en juin un paquet de mesures urgentes ainsi que le nouveau message sur la Suisse en tant qu'Etat hôte pour la période 2026-2029. Le crédit-cadre est augmenté de 5% par rapport à la période précédente pour renforcer l'accueil, les infrastructures, les partenariats et la gouvernance des nouvelles technologies.
Le multilatéralisme est en crise, les Etats-Unis se désengagent massivement, a rappelé au nom de la commission préparatoire Nicolas Walder (Vert-e-s/GE). Il en va de la réputation de la Suisse comme centre de dialogue.
Concurrence active
«La concurrence ne dort pas, certaines organisations internationales pourraient quitter Genève vers des villes moins chères», a aussi rappelé le ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis.
Au crédit-cadre demandé par le Conseil fédéral s'ajoutent 83 millions pour des mesures urgentes, en 2026, destinés aux organisations en difficulté de liquidités, a détaillé le Tessinois. Le troisième volet est un programme extraordinaire d'investissements immobiliers sur trois ans, sous la forme d'un prêt sans intérêts à la Fondation des immeubles pour les organisations internationales à hauteur de 78 millions de francs.
Intéressant pour l'économie
La Genève internationale «rapporte des milliards à la Suisse», a affirmé de son côté la centriste Elisabeth Schneider-Schneiter (BL), elle fait patrie de notre prospérité, citant les emplois, la formation, la recherche et la réputation de la place genevoise. «Ce n'est pas un luxe, pas un hobby.»
Le PLR a majoritairement soutenu le projet. Il s'agit d'une proposition équilibrée, a dit le Vaudois Laurent Wehrli. Le Conseil fédéral connaît la situation financière de la Confédération, des solutions ont été trouvées. L'augmentation du crédit-cadre sera ainsi compensée au sein du Département fédéral des affaires étrangères.
Des tentatives
Une partie des libéraux-radicaux a tenté de revenir au plafond de dépenses précédent, soit 103 millions de francs. «La Confédération doit économiser afin d'avoir des finances saines», a assuré Hans-Peter Portmann, sans succès. On ne doit pas se laisser impressionner par des menaces vagues de délocalisation.
L'UDC a elle dénoncé la «bureaucratie» de la Genève internationale et sa «résistance» aux réformes nécessaires. «Les contribuables suisses ne doivent pas passer à la caisse pour payer l'inefficacité des organisations internationales», a critiqué Franz Grüter (LU).
A l'opposé, la gauche souhaitait aller plus loin que le Conseil fédéral et demandait un crédit d'engagement de 152 millions de francs. «Le Conseil fédéral a pris des mesures, mais trop peu et trop tard. La Genève internationale est pourtant la carte de visite de la Suisse», a lancé, en vain également, Fabian Molina (PS/ZH).
Au vote sur l'ensemble, le National a suivi la proposition du gouvernement par 130 voix contre 64. Le dossier passe au Conseil des Etats.
43 organisations internationales
La Suisse accueille aujourd'hui 46 organisations internationales, dont 43 à Genève, plusieurs centaines d'ONG, ainsi que des institutions académiques et de recherche de premier plan. Enfin, 183 Etats membres de l'ONU sont représentés à Genève.
L'initiative du Conseil fédéral s'inscrit dans une approche coordonnée avec le canton et la ville de Genève, ainsi qu'avec des partenaires privés, la Fondation Wilsdorf en particulier, a aussi rappelé Ignazio Cassis.