Dix ans après les attentats
La menace d'un 13 novembre 2015 existe encore, même en Suisse

Les terroristes responsables des attentats parisiens du 13 novembre 2015 ont tous été appréhendés ou neutralisés. Les filières syriennes et irakiennes ont été traquées. Mais un attentat de masse demeure possible en Europe, Suisse incluse.
Publié: 17:03 heures
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Toute la nuit du 13 novembre 2015, les forces de police ont découvert l'ampleur de la menace terroriste.
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

La neutralité protège-t-elle la Suisse d’un 13 novembre 2015? Dix ans après les attentats islamistes à Paris, qui coûtèrent la vie à 131 personnes, la Confédération n’est pas le seul pays concerné par une menace terroriste toujours omniprésente. Dans le cas helvétique, une question se pose: la perméabilité avec la frontière française. Rappel: plusieurs des auteurs des massacres du 13 novembre étaient soit belges, soit français établis en Belgique (comme Salah Abdeslam, l’unique survivant des commandos reparti à Bruxelles dans la nuit). Le point en 5 menaces qui visent aussi la Suisse.

La Suisse, moins préparée

Il ne faut pas négliger cet aspect. Les terroristes islamistes de 2025 ne sont plus seulement résolus à frapper les pays qui ont pris part à la traque de Daech (l’Etat islamique) au Moyen-Orient. Ils sont à la recherche de cibles faciles et très médiatiques. La Suisse, avec ses places financières de Zurich et Genève, est vulnérable sur ce plan. Le fait que la Confédération soit membre de l’espace Schengen donne bien sûr à la police helvétique accès à toutes les données sur les entrées dans la zone de libre circulation, et notamment au système d’information Schengen (SIS) de seconde génération, en place depuis 2016 avec un fichage biométrique. Sur le plan de la lutte antiterroriste en revanche, la Suisse est par définition moins équipée que ses voisins, éprouvés par des attentats meurtriers. 

La Suisse, terreau djihadiste

Ce n’est pas un hasard si, le 12 février 2025, la ville de Bienne a décidé d’annuler la venue de personnalités islamiques controversées. Celles-ci étaient conviées à la manifestation «Ramadan, Together we prepare», qui offrait aux spectateurs une traduction simultanée en français et en allemand. Le Conseil municipal de Bienne a décidé d’annuler l’événement «en raison d’une sécurité insuffisamment garantie». Un activiste islamiste originaire de Bienne, Majd N. aurait été exécuté par l’Etat islamique en Syrie en juin 2024. L’annonce de son décès avait été divulguée en arabe sur les réseaux sociaux.

La Suisse, si proche de Paris

Beaucoup de Suisses, surtout en Romandie, sont restés scotchés devant leurs écrans durant toute la nuit de terreur du 13 novembre 2015. Dans les jours qui suivirent, des manifestations de solidarité ont été nombreuses sur les bords du Léman. On sait aussi le rôle joué, en France, par l’islamologue et prédicateur suisse Tariq Ramadan, proche des Frères musulmans. Ce dernier, pour rappel, a été définitivement condamné le 28 août 2025 après le rejet par Le Tribunal fédéral, la plus haute autorité judiciaire suisse, de son recours formé contre sa condamnation à trois ans de prison, dont un ferme, pour «viol et contrainte sexuelle», prononcée par la cour d’appel de Genève en août 2024.

La Suisse, pays des minarets interdits

Il faut savoir que les terroristes du 13 novembre 2015 avaient aussi la Suisse dans leur viseur. Des écrits retrouvés lors de l’enquête, et des documents possédés par les auteurs belges des attentats de Bruxelles en mars 2016, montrent que ces fanatiques voulaient aussi venger les musulmans, après la votation sur l’interdiction des minarets du 29 novembre 2009. Une initiative acceptée par 57,5% des votants et par tous les cantons. Plusieurs dirigeants de grands pays musulmans, comme l’Indonésie ou l’Egypte, avaient dénoncé ce signe de «haine» et d'«intolérance» vis-à-vis de l’islam.

La Suisse, cible facile

La logistique pour organiser des attentats tels que ceux du 13 novembre 2015 est finalement assez simple. L’enquête policière a montré que les terroristes, venus de Belgique après avoir traversé l’Europe dans le flot des migrants de cette année-là, avaient réservé un studio en banlieue parisienne pour y préparer leurs explosifs. Possible en Suisse? Oui, surtout si les assassins viennent de France voisine. Le troisième tueur du Bataclan, Foued Mohamed-Aggad, avait été recruté par Mourad Fares, islamiste de Thonon-les-Bains, arrêté en 2014 en Turquie.

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