Une vingtaine de pays, dont la Suisse, de grands investisseurs comme les Etats-Unis et le Canada ainsi que des institutions financières se sont engagés à mettre un terme d'ici fin 2022 au financement à l'étranger de projets d'énergies fossiles sans techniques de capture de carbone.
«Investir dans des projets d'énergie fossile laissés tels quels comporte de plus en plus de risques sociaux et économiques», écrivent les signataires dans une déclaration.
Liste (non exhaustive)
- France
- Albanie
- Brésil
- Canada
- Costa Rica
- Danemark
- Éthiopie
- Îles Fiji
- Finlande
- Gambie
- Italie
- Mali
- Îles Marshall
- Nouvelle-Zélande
- Moldavie
- Portugal
- Slovénie
- Soudan du Sud
- Suède
- Suisse
- Grande-Bretagne
- États-Unis
- Zambie
- Banco de Desenvolvimento de Minas Gerais
- The East African Development Bank
- The European Investment Bank
- Financierungs-Maatschappij voor Ontwikkelingslandn N.V.
Gaz et pétrole inclus
Les nations du G20 s'étaient accordées la semaine dernière pour cesser de soutenir les projets de centrales au charbon à l'étranger. Mais ce nouveau plan inclut pour la première fois gaz et pétrole et contient la promesse de réorienter cet argent vers des énergies renouvelables.
Si cet engagement est tenu, plus de 15 milliards de dollars devraient bénéficier aux énergies propres, estiment des experts.
Charbon: grands acteurs absents
Dans une autre initiative, promue par le gouvernement britannique, plus de quarante nations se sont engagées sur une «déclaration de transition du charbon vers l'énergie propre». Y figurent notamment des pays dans le «top 10» des utilisateurs de charbon pour la production d'électricité, Corée du Sud, Indonésie ou Pologne.
Cette dernière avait toutefois déjà pris des engagements de sortie du charbon. Et de grands acteurs du secteur -Australie, Chine, Inde, Etats-Unis, Japon ou Russie - ne figurent pas parmi les signataires.
Les organisateurs de la COP ont cité en exemple l'accord annoncé plus tôt par lequel l'Allemagne, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l'UE se sont engagés à financer une «transition énergétique juste», à hauteur de 8,5 milliards de dollars, pour aider l'Afrique du Sud à sortir de sa dépendance énergétique au charbon. Ce pays n'est cependant pas signataire de l'accord sur ce combustible.
Loin du compte
Selon l'Agence Internationale de l'Energie (AIE), pour préserver l'objectif idéal de l'accord de Paris d'un réchauffement contenu à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle, le monde doit abandonner dès aujourd'hui tout nouveau projet dans les énergies fossiles.
Or selon l'ONG Oil Change International, entre 2018 et 2020, les seules nations du G20 en ont financé à hauteur de 188 milliards de dollars, principalement via des banques multilatérales de développement.
Et 95% des producteurs de pétrole et de gaz explorent ou prévoient d'exploiter de nouvelles réserves d'hydrocarbures, selon un rapport rendu public jeudi par un groupe international d'ONG.
Thunberg: «festival de greenwashing»
Après des engagements sur la réduction de 30% des émissions de méthane en début de semaine, nombre d'observateurs ont toutefois estimé que les annonces de jeudi représentaient un nouveau «pas dans la bonne direction», comme Tasneem Essop, la directrice du Climate Action Network International.
«Le Giec est parfaitement clair: pour éviter un désastre climatique, il faut mettre un terme à notre dépendance aux énergies fossiles et l'élimination du financement est un pas en avant essentiel», a résumé Jennifer Layke, du World Resources Institute, faisant référence aux experts climat de l'ONU.
Un optimisme loin d'être partagé par la jeune égérie du climat Greta Thunberg, qui a fustigé sur Twitter les restrictions d'accès à cette COP, que dénoncent aussi les ONG. «Ce n'est plus une conférence sur le climat. C'est un festival de greenwashing des pays riches. Une célébration du 'business as usual' et du blabla», a-t-elle lâché.
Emissions en hausse
Soulignant l'urgence de la situation, une étude scientifique, diffusée à l'occasion de la COP, a rappelé la froide réalité des chiffres: malgré le trou d'air de la pandémie de Covid-19, qui avait fait fortement reculer les émissions de CO2 en 2020, le mouvement est déjà reparti à la hausse.
D'après le Global carbon project, ces émissions auront rebondi en 2021 à moins d'1% au-dessous de leur niveau record de 2019, laissant de moins en moins de temps pour remplir l'objectif de +1,5°C. Et la source très majoritaire de production de CO2, principal gaz à effet de serre, est justement la combustion des énergies fossiles. (ATS/daj)