Si la blague que je vais vous raconter était connue, elle ferait rire de New York à Paris, en passant par Pékin. A Lausanne, ville vaudoise dont certains endroits comme le Flon «craignent» tant et si bien qu’on y harcèle, qu’on y intimide et qu’on y agresse sans être vraiment dérangé, il existe un poste de police au cœur du quartier chaud. Problème: il est fermé la nuit.
Mais ne riez pas trop vite, car la blague n’est pas là. A Lausanne, ville vaudoise qui fait — toutes proportions gardées — face aux mêmes défis que n’importe quelle «cité», les élus (et les élues, précisons-le pour le coup), se demandent s’il est bien utile d’ouvrir ledit poste de police pour empoigner le problème de violence, principalement faite aux femmes. Des citoyennes dont l’immense majorité se sent en insécurité, dépouillée de son droit le plus légitime de profiter de l’espace public. Et c’est là que vous pouvez rire. Ou pleurer, selon votre humeur.
Municipal de province
Qu’un municipal de province comme Pierre-Antoine Hildbrand — dont on se demande s’il a encore sa carte du PLR — dise de sa police qu’elle n’est «pas toujours la solution la plus efficace» pour régler le problème, soit. On peut apprécier son métier sans en aimer la matière première. Et de toute manière, on a déjà tout vu, me direz-vous.
Mais qu’une élue comme la conseillère nationale verte Léonore Porchet fasse preuve du même aveuglement pour des raisons de dogmatisme politique, on se frotte les yeux pour y croire. La parlementaire, qui se réfugie derrière les statistiques et mesurettes qui ont fait les beaux jours de la sécurité des fêtes de village il fut un temps, a les yeux rivés sur le problème de harcèlement.
Quand on touche le fond du bac
Mais ici, on parle de personnes qui s’affrontent physiquement, de femmes qui sortent la peur au ventre et seraient rassurées de pouvoir bénéficier de la force dissuasive de la police. Enfin, on touche le fond du bac lorsque Madame Porchet brandit comme ultime argument que «les forces de l’ordre elles-mêmes ne sont pas exemptes de violence». Pitié, qu’on nous achève…
L’UDC, qui a mille fois raison, va empoigner le problème. On a l’habitude de hausser les yeux au ciel lorsque ce parti nous sort ses clichés convenus sur la gauche. Malheureusement, à Lausanne, ville campagnarde qui ne s’est pas vue grandir, tous les lieux communs brandis par la droite dure sont une réalité. On souhaite bien du plaisir à l’UDC car elle a un boulevard devant elle. La majorité des Lausannois et la quasi-totalité des Lausannoises seront derrière elle.