Les CFF vont acheter 116 nouvelles rames à deux étages auprès de l’entreprise allemande Siemens. Elles seront produites à Krefeld, en Allemagne, et non par le constructeur thurgovien Stadler Rail de Peter Spuhler. La commande de deux milliards file ainsi à l’étranger.
Des semaines après l’annonce, beaucoup peinent encore à comprendre ce choix. Stadler Rail et son patron ont déposé un recours jeudi auprès du tribunal administratif, a annoncé vendredi matin l'entreprise. Leur offre n’était pourtant que de 0,6% plus chère que le concurrent qui a raflé la mise, précise Stadler.
Trois heures plus tard, Siemens a réagi pour la première fois et engage un véritable bras de fer de communication. «Nous prenons connaissance du recours contre l’adjudication des nouvelles rames à deux étages pour le RER zurichois et la Suisse romande», indique un communiqué. «Siemens Mobility reste convaincu d’avoir présenté une offre très attractive et compétitive, avec de nombreux avantages pour les passagers.»
6000 employés en Suisse
Le Desiro Dosto proposé par Siemens constitue une évolution du Desiro HC, doté de «composants éprouvés». Plus de 440 exemplaires de ce modèle ont été vendus dans plusieurs pays, «totalisant plus de 190 millions de kilomètres parcourus», souligne le constructeur allemand.
Siemens cherche ensuite à désamorcer les critiques réclamant un train «made in Switzerland». L’entreprise met en avant ses liens étroits avec le pays: elle emploie 6000 personnes sur 20 sites et a acheté pour plus de 550 millions de francs de produits et services à plus de 1900 entreprises suisses lors du dernier exercice.
Investissement de 110 millions à Wallisellen
Siemens a également de vastes projets à Wallisellen (ZH), où 110 millions de francs doivent être investis. «Le campus sera complété par un nouveau bâtiment d’ici 2029 et accueillera des bureaux ainsi que des sites de développement et de production pour 1000 collaborateurs», indique l’entreprise. Le complexe sera construit sur le site de l’ex-fabrique de chocolat Halba.
Actuellement, 650 employés travaillent déjà à Wallisellen dans la division ferroviaire Siemens Mobility. Plusieurs départements de développement et unités de production dédiés à l’infrastructure ferroviaire y sont installés. «Les solutions de mobilité développées en Suisse sont d’ailleurs exportées dans le monde entier», poursuit Siemens.
Siemens et les CFF collaborent «depuis des décennies dans de nombreux domaines». Les trains à deux étages de deuxième génération destinés au RER zurichois circulent de manière fiable depuis des années. «Et depuis dix ans, plus de 180 locomotives Vectron renforcent la colonne vertébrale du trafic marchandises en Suisse et à l’international», conclut Siemens dans sa communication.