La justice argovienne a condamné un adapte du «coup du neveu» à trois ans et demi de prison ferme pour escroquerie par métier. Membre d'un clan Rom, ce Polonais de 38 ans a admis les faits. Son père est considéré comme «l'inventeur» de ce piège consistant à contacter des personnes âgées en se faisant passer pour un parent éloigné afin de leur soutirer des grosses sommes d'argent.
Dans son jugement rendu jeudi à l'issue d'une procédure accélérée, le Tribunal de district d'Aarau a sanctionné l'accusé pour onze cas d'escroquerie et 21 cas de tentative d'escroquerie. Les faits reprochés ont été commis entre mars 2012 et juillet 2016 en Suisse alémanique. La somme délictueuse atteint 1,02 million de francs.
Longue peine purgée
Père de trois enfants et déjà grand-père, le prévenu a entièrement admis les faits reprochés et présenté ses regrets. Le fait que le Ministère public et la défense se soient accordés sur la sanction a permis au procès de se dérouler par voie accélérée. Le trentenaire avait déjà purgé une peine de prison en Allemagne après une condamnation à 12 ans et six mois de prison par un tribunal à Hambourg. Il a été extradé en Suisse après avoir purgé cette peine. Le Tribunal de district d'Aarau a été chargé de ce cas en terres helvétiques, car le premier cas qui y a été constaté a été commis dans le chef-lieu argovien.
«C'était pour moi comme un travail dans un centre d'appels», a déclaré aux juges l'accusé dans un allemand parfait. En tant que Rom, il était difficile de trouver un vrai emploi, a-t-il affirmé. Son père étant l'inventeur du «coup du neveu», cette méthode lui a été inculquée au sein du clan. «Je l'ai apprise en écoutant», a-t-il dit. «Pour moi, c'était comme un commerce.» Le prévenu choisissait ses victimes dans le bottin téléphonique en privilégiant les vieux prénoms allemands. Il les appelait à plusieurs reprises et leur racontait une fausse histoire pour gagner leur confiance et les mettre sous pression.
Butin partagé
L'accusé mandatait aussi des coursiers qui collectaient l'argent des victimes et leurs bijoux de valeur. La moitié du butin leur revenait et l'autre moitié au prévenu qui en jouait une partie au casino, selon ses dires. Les coursiers «postulaient» via Facebook: «ça se savait, nous sommes une grande famille.»
Dans un cas, le Polonais a raflé 317'000 francs en deux jours, dont 118'000 francs de bijoux, à Bremgarten, près de Berne, et à Bâle. Une trentaine d'appels téléphoniques lui ont suffi pour parvenir à ses fins.
Des victimes lui cédaient leurs économies et leurs bijoux de famille. Plusieurs d'entre elles sont décédées entretemps. La Cour a prononcé le remboursement de 614'000 francs et de 145'000 euros par l'accusé. Ce dernier ne pourra, sans doute, jamais s'acquitter de cette somme.