L'affaire est tentaculaire et compte pas moins de 138 victimes recensés à Genève. Une famille française est soupçonnée, par la justice française et suisse, de leur avoir dérobé près de 3 millions d’euros, soit 2,77 millions de francs suisses.
Surnommée le clan des «Bagdadi», cette famille de malfrats composée de la mère, du père et du fils, était déjà connue pour ses escroqueries en série, rapporte «Le Parisien». Mais cette fois, le trio serait passé au niveau supérieur.
Entre octobre 2023 et juillet 2025, il est accusé d’avoir ciblé des seniors genevois grâce à la technique bien rodée du faux banquier ou du faux policier. Munis d’informations volées auprès de pirates informatiques ou de banquiers peu scrupuleux, les escrocs appelaient les victimes avec des numéros masquant l’arnaque. Au bout du fil, le même scénario: on leur faisait croire que leur compte avait été piraté et qu’ils devaient remettre cartes bancaires et objets de valeur à un «coursier» mandaté pour les protéger.
Une brigade suisse démantèle le réseau
Les faux coursiers se présentaient alors au domicile des victimes pour recevoir leurs butins. «Ils allaient aussitôt retirer de l’argent au distributeur et faire des achats de produits de luxe. Tous les biens acquis frauduleusement étaient rapatriés en Ile-de-France, à proximité des domiciles des principaux commanditaires», précise une source proche du dossier, citée par «Le Parisien».
Les enquêteurs de la Brigade de répression des cambriolages et vols (BRCV) de Genève ont fini par interpeller une centaine de ces faux coursiers. Ils auraient été recrutés sur les réseaux sociaux par les «Bagdadi». Plusieurs complices ont reconnu que la famille leur donnait directement les consignes. Lors d’une perquisition menée le 8 juillet dans un box, les enquêteurs ont mis la main sur des produits de luxe probablement achetés avec les cartes bancaires volées à des clients suisses.
Le clan remis en liberté
Tout débute en avril lorsqu'un magistrat suisse sollicite la justice parisienne pour interpeller cette bande. Début novembre, un juge d’instruction français convoque la famille, présumée innocente, et la place en garde à vue. Le fils, lui, était déjà incarcéré pour une affaire similaire.
Les deux hommes se murent dans le silence, la mère nie fermement les accusations. Au terme de 48 heures de garde à vue, tous trois sont remis en liberté. L’enquête, elle, se poursuit des deux côtés de la frontière. A Genève, les 138 victimes recensées restent, pour l’heure, privées des près de 3 millions de francs envolés, tandis que la justice tente de démêler ce dossier tentaculaire.