Aldi bouscule à nouveau le commerce de détail suisse. Et ce n'est de loin pas la première fois que discounter se fait remarquer avec ses prix cassés. En octobre dernier, son pain à 99 centimes avait déclenché une vive polémique, poussant boulangers et concurrents à réagir: Migros, Coop, Lidl et Denner avaient à leur tour revus leurs prix à la baisse.
Il y a un peu plus d'un an, en septembre 2024, Aldi avait déjà marqué les esprits en abaissant les prix de toute sa gamme de viande. Certains rabais avaient alors atteint 32%.
Aujourd'hui, le géant du discount remet ça: alors que les fêtes approchent à grand pas, Aldi vient d'annoncer une baisse moyenne de 23% des prix de certains produits à base de viande fraîche. Cette fois, l’opération ne touche pas l’ensemble de l’assortiment, mais six articles très prisés durant la période de Noël:
- Filet de bœuf Black Angus: 5,49 fr. au lieu de 6,49 fr. (–15%)
- Entrecôte de bœuf Black Angus: 3,49 fr. au lieu de 4,99 fr. (–30%)Rumsteck Black Angus: 3,49 fr. au lieu de de 4,99 fr. (–30%)
- Filet d’agneau: 2,99 fr. au lieu de 3,69 fr. (–18%)
- Poitrine de poulet bio: 1,99 fr. au lieu de 2.69 fr. (–26%)
- Filet de saumon bio (200 g): 5,49 fr. au lieu de 6.89 fr. (–20%)
Bouchers et producteurs perdants
Avec cette nouvelle offensive, Aldi entend poursuivre sur sa lancée. «Nos baisses de prix de l’automne dernier ont montré à quel point la demande pour de la viande fraîche, de qualité et abordable, est forte», souligne Jérôme Meyer, directeur d’Aldi Suisse. L’enseigne promet à ses clients «une période de l’Avent sans compromis sur le prix».
Chez les bouchers et les producteurs de viande, cette nouvelle baisse de prix risque de mal passer. Il y a un an déjà, les critiques avaient été virulentes. «Il est tout simplement irréaliste de s’attendre à des réduction généralisées des prix de la viande suisse», déclarait alors à Blick, Markus Roten, président de l’Association des maîtres bouchers de Suisse centrale.
Vers une nouvelle guerre des prix?
Un expert du secteur, resté anonyme, estimait lui aussi que «les rabais d’Aldi ne reflètent pas la réalité du marché». Il avait alors déploré le fait que les producteurs et les agriculteurs soient les premiers perdants d'une telle opération. Aldi avait répondu a ces critiques et assurant que ses fournisseurs continuaient d’être rémunérés au même tarif qu’auparavant.
Une promesse que le discounter renouvelle aujourd'hui: «Ces actions sont entièrement financées par Aldi et n’ont aucune incidence sur les prix payés aux producteurs», affirme le communiqué.
En 2024, l’offensive d’Aldi avait déclenché une véritable guerre des prix sur la viande. Ses concurrents avaient réagi en proposant eux aussi des produits carnés meilleur marché. Depuis, les détaillants se livrent une bataille silencieuse – parfois discrète, parfois très médiatisée – pour offrir les prix les plus faibles.
Les Suisses sont très attentifs aux prix
En Suisse, la tendance du «moins c'est cher, mieux c'est» refait surface. Les consommateurs, eux, sont devenus bien plus attentifs aux prix. Résultat: la bataille pour le meilleur rapport qualité-prix ne se joue plus uniquement entre les discounters Aldi, Denner et Lidl.
En octobre 2024, Migros avait annoncé un programme ambitieux de baisse des prix pour plusieurs produits, tandis que Coop avait riposté avec une offensive sur ses produits «Prix Garantie» pour ses points de vente situés dans des gares – des lieux où elle privilégiait autrefois des produits plus haut de gamme et plus rentables.
La viande appelle d'autres produits
Les détaillants surveillent de près les prix de vente de la concurrence, notamment sur la viande, un produit qui reste emblématique du «shopping transfrontalier»: de nombreux Suisses traversent la frontière pour acheter moins cher. Malgré l’abaissement de la franchise valeur-douanière de 300 à 150 fr., ce tourisme d’achat continue de croître – une tendance que les distributeurs tentent de freiner.
Les études montrent par ailleurs que la viande génère des «effets d’entraînement». En clair, celui qui achète un filet de poulet bio repart souvent avec des pâtes, des légumes et une bouteille de vin rouge. Ces clients valent donc de l’or pour les enseignes.Aldi l'a bien compris et espère bien les séduire ses nouveaux prix cassés.