Il y a quelques semaines à peine, les discounters suisses se livraient une bataille autour des prix du pain. Aldi et Lidl ont fait chuter le prix d’un demi-kilo de pain mi-blanc ou de pain tessinois à un niveau record de 99 centimes. Chez Denner, les clients paient un franc. Mais la lutte des prix ne se limite pas qu'aux miettes de pain. «Nous assistons actuellement à une guerre des prix classique», déclare l'expert en commerce de détail Jörg Staudacher.
Dernier exemple en date: depuis plusieurs semaines, Coop met en avant sa gamme à bas prix Prix Garantie dans des emplacements très fréquentés, notamment les gares. Lors d’une visite sur place, on constate que ces emballages rose et blanc, encore rares il y a quelques mois, sont désormais bien visibles. «Cela s’explique par le fait que Lidl et Aldi s’implantent de plus en plus dans les centres-villes», commente Jörg Staudacher.
La clientèle regarde de plus en plus le prix
Les clients se focalisent de plus en plus sur le prix, comme l'a récemment montré une enquête de la société de conseil AlixPartners. Depuis des années, les gros postes budgétaires des ménages, comme les caisses maladie ou les loyers, ne connaissent qu'une seule voie: celle de la hausse.
«Les loyers augmentent parfois de manière exorbitante et nettement plus que les revenus», explique Jörg Staudacher. «Il suffit alors de peu pour qu'un ménage soit contraint d'adapter son comportement d'achat». Les nombreux pendulaires qui se rendent dans les gares regardent eux aussi davantage les prix, comme le montre l'offensive Prix Garantie de Coop.
Chez Migros, la contre-attaque est visible dans les rayons: les étiquettes jaunes de «prix bas» se multiplient. Il y a un peu plus d’un an, le géant orange annonçait vouloir aligner les prix de mille produits du quotidien sur ceux des discounters. Objectif atteint en mai, assure-t-il. «La demande pour nos gammes à bas prix, notamment sur les fruits et légumes, a déjà progressé d’environ 10%», précise une porte-parole.
L'expert voit un danger pour les détaillants
Lidl aussi mise sur une offensive tarifaire: «La demande de produits particulièrement bon marché a nettement augmenté», écrit une porte-parole. Depuis le début de l'année, le discounter a, selon ses propres indications, baissé durablement les prix de plus de mille produits. Chez Denner, la filiale de Migros, on sent également que les produits bon marché de marque propre «sont encore plus demandés».
Interrogé, le discounter Aldi se montre sûr de lui: «Nous n'avons pas de ligne de prix bas, car nous proposons les prix les plus bas de Suisse sur l'ensemble de notre assortiment.»
Coop ne s'exprime que de manière générale sur l'offensive Prix Garantie: l’entreprise affirme s’adapter au comportement et aux besoins de la clientèle. Les produits Prix Garantie sont «très appréciés et font l'objet d'une demande correspondante». C'est pourquoi l'offre a été continuellement élargie ces dernières années pour atteindre 1500 produits.
Les prix bas sont également devenus omniprésents dans les publicités. Jörg Staudacher voit cela d'un œil critique: «Si l'on met trop l'accent sur le prix, on éduque la clientèle à y faire encore plus attention. Et au final, ce sont les discounters qui en profitent.»