Boeuf d'Argentine, vin du Chili...
En signant l'accord avec le Mercosur, Guy Parmelin s'est mis les agriculteurs suisses à dos

Le conseiller fédéral Guy Parmelin crée la polémique avec l'accord de libre-échange Mercosur visant a importer en Suisse divers produits d'Amérique latine. La droite et la gauche fustigent la décision tandis que les paysans suisses affichent leur désarroi.
Publié: 19:04 heures
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Dernière mise à jour: 19:16 heures
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La viande de bœuf d'Argentine fera-t-elle concurrence aux agriculteurs suisses?
Photo: Shutterstock
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Raphael Rauch et Andreas Schmid

Avant l'été, le conseiller fédéral Guy Parmelin s'est rendu au Brésil et en Argentine. Il a pu y apprécier la qualité de la viande de bœuf. Tellement de viande que Parmelin a plaisanté en affirmant qu'il ne mangerait que des légumes de retour en Suisse!

Pourtant, il semblerait que depuis son voyage, le ministre de l'agriculture a perdu l'appétit. Il a signé cette semaine l'accord de libre-échange Mercosur. Mais le projet du conseiller fédéral de l'Union démocratique du centre (UDC) risque bien de tomber à l'eau. La gauche et la droite fustigent l'accord avec l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay.

Le collègue de parti de Guy Parmelin, Jacques Nicolet, a même déposé une motion demandant l'exclusion de la viande de bœuf, de poulet et du vin de l'accord de libre-échange. Les Vert-e-s ont, pout leur part, annoncé qu'ils laisseraient les électeurs décider. «L'importation massive de viande et de vin bon marché affaiblit nos paysans et la protection des consommateurs. L'accord alimente la destruction de l'Amazonie et le changement climatique», déclare la responsable des Vert-e-s Lisa Mazzone.

Fabian Molina critique les effets sur la forêt tropicale

Fabian Molina est également critique. Blick a reçu une interpellation dans laquelle il critique le bradage de la région amazonienne. «Comment le Conseil fédéral juge-t-il les efforts actuels du Brésil visant à affaiblir la protection de la forêt tropicale? Quelles sont les conséquences attendues de la promulgation de la loi sur le permis d'environnement? Et quant est-il de la menace de la levée du moratoire sur le soja?», demande le socialiste.

L'Union suisse des paysans craint également la concurrence de l'Amérique latine. «Les importations en provenance des pays du Mercosur sont bon marché et font pression sur le niveau des prix. Pour nous, il faut des mesures d'accompagnement pour compenser», demande le président de l'alliance paysanne Markus Ritter.

Les vignerons déçus par Guy Parmelin

Guy Parmelin reçoit également des critiques de son entourage. De nombreux viticulteurs vaudois sont déçus que l'un des leurs assouplisse les conditions d'importation des vins d'outre-mer. En Suisse romande, le groupe «Raisins de la colère» s'est formé pour réclamer la solidarité du conseiller fédéral.

Le porte-parole de Guy Parmelin comprend les préoccupations des agriculteurs suisses. «Les produits sensibles pour l'agriculture suisse sont protégés par des contingents bilatéraux qui limitent les quantités importées. Le département a toutefois pris connaissance de l'analyse et de la demande de mesures d'accompagnement et d'améliorations structurelles qui en découle, formulée par l'Union suisse des paysans. Il va les examiner en détail.»

«Personne ne veut de ces poulets américains»

Guy Parmelin récolte également des critiques pour un autre deal commercial: celui qui consiste à persuader le président américain Donald Trump de conclure un accord douanier en important des poulets chlorés. Un projet qui suscite l'indignation autant à gauche qu'à droite. 

«Le Conseil fédéral agit contre les intérêts de la population. Ces poulets chlorés issus d'élevages intensifs et transportés par avion à l'autre bout du monde ne doivent pas se retrouver dans nos magasins», estime la responsable des Vert-e-s Mazzone. «En Suisse, personne ne veut de ces poulets américains. Nous avons un haut niveau de bien-être animal dans la production de volaille, et la clientèle suisse y attache aussi de l'importance», renchérit Markus Ritter. Le politicien ne pense d'ailleurs pas que ces quelques poulets chlorés suffiront à faire changer Donald Trump d'avis.

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