7 kilomètres en... 22 heures
Vous pensiez que l'enfer se trouvait au Gothard? Voici l'Eurotunnel...

Une famille suisse a mis près de 24 heures pour pouvoir emprunter l'Eurotunnel reliant la Grande-Bretagne à la France. Le Brexit sème le chaos et les deux pays se rejettent mutuellement la responsabilité.
Publié: 25.07.2022 à 13:24 heures
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Dernière mise à jour: 26.07.2022 à 18:25 heures
Alexandra Sievert au milieu de l'embouteillage gigantesque à l'Eurotunnel. Elle va y passer une journée.
Photo: Zvg
Fabian Vogt, Guido Felder

C'est la rengaine de l'été dans les médias suisses: «Un bouchon de X kilomètres s'étend au Gothard». Il faut généralement compter deux heures pour franchir l'écueil en période de départs en vacances. L'envie d'évasion des Suisses est telle après le Covid que partir avant l'aube n'est même plus une garantie de passer sans encombre.

L'enfer, le Gothard? Peut-être... Mais alors que dire de la situation en Angleterre cette année? Alexandra Sievert et son mari peuvent en témoigner. Les deux Thurgoviens venaient de passer onze jours «merveilleux» dans les Cornouailles avec leur fille de 16 ans, lorsqu'ils ont fait connaissance avec l'Eurotunnel.

Normalement, le retour de Grande-Bretagne vers l'Europe continentale se fait de manière fluide. Soit par le ferry (au port de Douvres) ou via l'Eurotunnel (Folkestone), le fameux tunnel sous la Manche.

Plus lents qu'une tortue!

Mais cette année, c'est différent. Le récit d'Alexandra Sievert fait transpirer. «Nous devions charger notre voiture vers Calais samedi à 9h30. Nous avons fait la queue durant toute la journée par 30 degrés», se souvient (trop bien) la quadragénaire. En plus de 12 heures sous le cagnard, les Sievert ont parcouru... 400 mètres! Ce n'est que dimanche à 6h30, avec 21 heures de retard, qu'ils ont pu embarquer.

«Au total, nous avons fait la queue pendant 22 heures pour parcourir 7 kilomètres», résume Alexandra Sievert. Soit une vitesse de 0,32 km/h ou 318 mètres à l'heure. Plus lent qu'une tortue (400 mètres à l'heure)! «Lorsque la nuit est tombée, nous avons commencé à être très fatigués. Mon mari allait faire des siestes dans la caravane et je le réveillais lorsqu'il fallait de nouveau avancer de quelques mètres», sourit a posteriori la mère de famille.

Les Thurgoviens se montrent très philosophes face à leur aventure. «En quelque sorte, c'était une expérience à vivre. Nous avons fait une bêtise en ne nous informant pas suffisamment au préalable. Et puis, visiter l'Angleterre en caravane est une expérience qui vaut la peine d'être vécue, peu importe s'il faut gâcher une journée de trajet.»

Les Français en cause?

Comment expliquer ces files à rallonge? La réponse tient en un mot: Brexit. Depuis le 21 janvier 2020, l'entrée en Europe est beaucoup plus pénible depuis l'Île. Les Britanniques rejettent la responsabilité sur les Français. «Certains guichets de douane restent désespérément vides», explique Doug Bannister, chef du port de Douvres, au «Daily Mail».

Ces scènes provoquent des remous jusqu'au plus haut niveau politique. La ministre des Affaires étrangères, Liz Truss, qui souhaite devenir la prochaine Première ministre de Grande-Bretagne, qualifie la situation actuelle non seulement de «terrible», mais aussi de «totalement évitable»: «Nous avons besoin de mesures de la part de la France pour augmenter les capacités à la frontière, limiter les nouvelles perturbations pour les touristes britanniques et s'assurer que cette situation ne se reproduise plus.»

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