Des championnats du monde sans Mujinga Kambundji (33 ans)? Étonnant. Même la figure de proue de l’athlétisme suisse depuis des années trouve la situation «un peu spéciale», comme elle le confie en riant. Mais avec sa grossesse, la raison de son absence est des plus heureuses. Et, pour une fois, elle peut vibrer pleinement avec sa sœur Ditaji (23 ans).
Celle-ci fait partie des favorites pour une médaille sur 100 m haies à Tokyo. Elle peut poser la première pierre lors des séries disputées dans la nuit de samedi à dimanche. Les demi-finales et la finale suivront lundi.
Ditaji, précoce au plus haut niveau
Mujinga Kambundji reconnaît que «Didi» s’est imposée très rapidement parmi l’élite mondiale ces dernières années: «Elle est aujourd’hui une rivale vraiment sérieuse». La performance lors de la répétition générale des Mondiaux à la Weltklasse de Zurich, où Ditaji a pris la 2e place en battant le record de Suisse (12’’40), l’a confirmé: «Elle est partie à Tokyo avec une impatience incroyable. Elle sait qu’elle est en pleine forme et qu’elle a confiance en sa capacité à battre ses concurrentes. C’est un vrai plaisir de la voir aborder la compétition ainsi!»
Mujinga estime que le fait que sa cadette soit propulsée plus tôt qu’elle sous les projecteurs favorise son développement: «Elle a toujours été très mûre. Mais la façon dont elle gère la pression est impressionnante». Ditaji est capable de se mettre mentalement dans le rythme quand il s’agit d’aller au bout. «Tout en gardant une certaine insouciance de jeunesse».
Un cadre plus professionnel
Pour Mujinga, il est évident que sa sœur, de dix ans sa cadette, bénéficie d’un environnement bien plus structuré que par le passé: «Cela ne fait que trois ans qu’elle évolue dans ce cadre, mais les progrès sont déjà visibles». La jeune Bernoise s’entraîne avec Florian Clivaz, également coach de Mujinga et son compagnon, ainsi qu’avec la spécialiste des haies Claudine Müller à Bâle.
«À mes débuts, je devais encore mettre pas mal de choses en place», souligne Mujinga. «Ditaji, elle, trouve aujourd’hui des structures solides. Cela ne veut pas dire que c’est plus facile pour elle. Cela entraîne d’autres défis, et des attentes accrues de l’extérieur».
Alors que Mujinga a pu grimper les échelons dans une relative discrétion médiatique, Ditaji a été très tôt scrutée. «Mais Didi aime les défis, elle est très ambitieuse», note Mujinga. Et d’ajouter: «C’est une personne très familiale, attentionnée avec tout le monde, y compris ses amis ».
Une fratrie soudée
Cette compétitivité n’est pas née par hasard, raconte Mujinga en riant: «Quand on joue à des jeux de société en famille, on est tous comme ça. Tout le monde veut absolument gagner». Mais les choses n’ont jamais dégénéré, car les liens entre les sœurs – en plus de Ditaji et Mujinga, il y a Kaluanda (34 ans) et Muswama (29 ans) – sont très forts. Le quatuor a le sentiment d’être constamment en contact, ce que Mujinga confirme avec un sourire: «C’est vrai, nous faisons souvent une conférence téléphonique Kambundji. Parfois à quatre, parfois à trois, ou seulement à deux».
Et de quoi parlent-elles? «De tout et de rien. Du quotidien, d’examens, d’événements importants ou futiles. Parfois, on ne dit rien, on est juste ensemble», raconte-t-elle. Nul doute qu’en cas de médaille de Ditaji aux Mondiaux, la ligne téléphonique sera particulièrement animée.